Très engagée bénévolement, Nailat Barmada raconte quelques unes de ses péripéties lors de ses voyages en Inde avec l’association Assistance Médicale Toit du Monde. En France, c’est avec l’ADSF (Agir pour le Développement de la Santé des Femmes) qu’elle agit sur le terrain dans le 18ème à Paris. Découvrons le portrait de Nailat.
Qui est Nailat Barmada ?
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CBA : Depuis quand faites-vous du bénévolat humanitaire ?
Nailat Barmada : Je faisais beaucoup de voyages en Asie à un moment donné de ma vie, sans rien y faire. Pour mes vacances en 2009, j’avais décidé d’aller dans la vallée de Katmandou, au Népal, pour y faire du bénévolat. J’ai donc recherché une association dans cet objectif. J’ai renouvelé l’expérience deux années de suite.
De retour de voyage en 2010, j’ai mis des photos du Népal dans la salle d’attente de mon cabinet. C’est par ce biais que j’ai été contactée par l’association Assistance Médicale Toit du Monde. La rencontre s’est faite au moment où il fallait !
En 2011, la mission en Inde était complète. Pourtant, au dernier moment avant le départ, j’ai été contactée pour y aller, car une infirmière enceinte prévue pour le voyage a décidé d’annuler son aventure. J’ai donc foncé, et maintenant je pars tous les 2 ans pendant 3 semaines avec cette association.
CBA : Quelle est votre action sur place en Inde ?
N.B. : Mon travail sur place est bien sûr celui d’infirmière, mais aussi celui de pharmacienne. Je m’occupe de la gestion des stocks, de la préparation de tous les médicaments ou encore de la négociation des tarifs avec les pharmaciens.
Cette année, en février 2017, l’objectif était de réaliser le dépistage de l’hépatite B pour 121 personnes, c’est-à-dire toutes les personnes présentes sur les 2 sites principaux où l’on travaille. Cela a représenté un travail en amont important pour négocier les tarifs avec les laboratoires de prélèvements, pour organiser l’heure de rendez-vous avec les responsables de site, pour récupérer les résultats, etc.
En plus de cela, nous avons décidé de faire des tests de l’acuité visuelle pour plus de 200 personnes. Travaillant avec le même prestataire de services depuis des années en France, je les ai contacté pour négocier un tarif sur le matériel. J’ai écrit au directeur du Groupe Bastide pour présenter le projet et demander un prix pour l’achat de stéthoscope, thermomètre, test acuité visuelle, appareil à tension, otoscope, etc. Le prix a été plus que raisonnable, car il nous a tout donné !
Une fois cela géré, il ne restait plus qu’à trouver parmis nos correspondants locaux des ophtalmologistes pour négocier le tarif des consultations ainsi que des lunettes moins chères. Pendant que les personnes attendaient pour le check des yeux, je faisais une piqûre de rappel sur l’hygiène bucco-dentaire, comme tous les 2 ans.
CBA : Quelle est votre implication avec l’ADSF ?
N.B. : Lorsque je suis en France, je ne reste pas inactive ! A Paris, je travaille pour l’ADSF (Agir pour le Développement de la Santé des Femmes) pour faire des maraudes dans les camps de roms, les hôtels d’hébergement d’urgence ou encore les bidonvilles. Nous faisons actuellement une campagne de dépistage des cancers du col de l’utérus. Pour cela nous allons au-devant des femmes pour entrer en contact avec les plus éloignées des soins et du système de santé. Accompagnée d’une sage-femme ou d’une gynécologue, je fais cela un mardi sur deux.
CBA : Comment réussissez-vous à allier vos engagements humanitaires avec votre métier d’infirmière libérale ?
N.B. : J’ai vraiment la chance de pouvoir compter sur mon associé. Sans cela, il n’est pas possible de partir l’esprit tranquille et se donner pleinement à ses engagements. En plus, je travaille beaucoup sur internet pour le projet en Inde. J’ai de nombreux contacts avec les référents des monastères pour le suivi et l’envoi de relance pour les patients. Cela facilite beaucoup l’organisation. En France, je travaille avec l’ADSF seulement sur mon temps de repos, mais j’en m’en garde pour moi aussi ! C’est d’ailleurs pour cette raison que j’ai arrêté mon engagement avec Médecins du Monde récemment. Cela faisait trop…
CBA : Qu’est-ce qui vous a poussé à vous engager un jour ?
N.B. : Née d’un père syrien et d’une mère française, j’ai longtemps vécu à Damas en Syrie. C’est mon père chirurgien qui m’a appris le bénévolat car quand il avait des patients qui n’avaient pas d’argent, il ne les faisait pas payer.
Ensuite en 1990, j’avais failli partir en mission avec l’Aide Médicale Internationale en tant qu’infirmière pendant la première guerre du Golfe. Au dernier moment, la mission a été annulée, mais moi, je savais déjà qu’un jour je partirai. Puis les rencontres se sont faites au fur et à mesure de ma vie, jusqu’à mon envie de partir voyager dans la vallée de Katmandou.
La prochaine mission sera certainement en février 2019, sauf si en 2018 ils ont besoin de moi. Si j’avais des conseils à donner à une IDEL qui souhaite se lancer dans cette belle aventure, c’est avant tout de ne pas avoir de préjugés, ou alors de les laisser à l’aéroport ! Puis de parler anglais et de garder le sourire. D’ailleurs ma devise est « smile is the answer » : le sourire est la réponse.