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L’interview de Sara, infirmière libérale, sur la formation des infirmiers en pratique avancée

L'interview de Sara, infirmière libérale, sur la formation des infirmiers en pratique avancée

En 2023-2024, des appels à projets sont lancés par certaines Agences Régionales de Santé (ARS) afin de favoriser l’exercice des infirmiers en pratique avancée ! L’ARS Île-de-France soutient les futurs professionnels infirmiers en pratique avancée durant leur formation en allouant une somme forfaitaire. Sara, infirmière libérale à Argenteuil depuis 23 ans, nous en dit plus sur cette initiative en Île-de-France et sur la formation des infirmiers en pratique avancée.

💡 Des appels à projet pour favoriser l’exercice des infirmiers en pratique avancée

Pouvez-vous nous en dire plus sur ces appels à projet ?

Sara : L’objectif principal est de soutenir les infirmiers qui souhaitent évoluer vers une pratique avancée. Cela implique une formation spécialisée, au terme de laquelle on obtient un Diplôme d’État conférant le grade master. L’initiative vise à répondre à plusieurs enjeux de santé publique, comme l’amélioration de l’accessibilité et de la qualité des soins, ainsi que la réduction des inégalités en santé.

Quelles sont les conditions pour bénéficier de ce soutien ?

Sara : Les infirmiers doivent exercer en Île-de-France et être inscrits à une formation IPA dans une université accréditée. Il y a des subventions forfaitaires disponibles, dont le montant varie selon le statut du professionnel – libéral, salarié en centre de santé ou en établissement médico-social.

👩‍🎓 La formation des infirmiers en pratique avancée

Comment voyez-vous l’intérêt de suivre une telle formation à votre stade de carrière ?

Sara : Je pense que la formation en pratique avancée est une formidable opportunité pour approfondir encore nos compétences. Elle permet d’offrir des soins plus complexes et de jouer un rôle plus substantiel dans le parcours de soins des patients. Pour les jeunes infirmiers, c’est une chance d’accélérer leur développement professionnel et de s’engager dans des pratiques innovantes avec plus de responsabilité.

Quels conseils donneriez-vous aux infirmiers intéressés par cette formation ?

Sara : Mon premier conseil serait de bien se renseigner sur le contenu de la formation et les engagements qu’elle implique notamment en termes de temps et de disponibilité. C’est aussi important de réfléchir à l’impact sur leur pratique actuelle et la manière dont ils peuvent intégrer les nouvelles compétences acquises. Enfin, je leur recommanderais de ne pas hésiter à postuler pour la subvention, car elle constitue un soutien financier non négligeable. Il en existe pour chaque région.

Pourriez-vous nous en dire plus sur le rôle spécifique des infirmiers en pratique avancée (IPA) ?

Sara : Les IPA ont trois domaines de compétences principaux : la clinique, l’enseignement et la recherche, tous centrés autour du patient. Leur rôle est de réduire la charge médicale en prenant en charge les patients selon un protocole établi avec le médecin. Cette démarche permet une optimisation du parcours de soin.

Pour une infirmière désirant se lancer dans les études d’IPA, quels conseils donneriez-vous ?

Sara : Tout d’abord, il ne faut pas être intimidé par la durée de la formation, qui est de deux ans. L’essentiel est d’aborder cette période avec un projet professionnel clairement défini, idéalement conçu en collaboration avec les médecins et les infirmiers de votre service. Un tel projet facilitera grandement votre retour et votre intégration après la formation, sachant que vous aurez bénéficié de leur soutien tout au long de votre parcours.

D’un point de vue financier, il est généralement plus avantageux d’être pris en charge par une structure hospitalière que de s’engager en tant que candidat libre. Les hôpitaux et autres institutions de soins peuvent offrir des aides et des financements qui allègent considérablement le poids de l’investissement en temps et en ressources.

Faire la formation d’IPA représente une magnifique opportunité de valorisation de notre rôle d’infirmière. Cela offre la chance d’approfondir ses connaissances dans un domaine spécifique et d’apporter une contribution significative à l’amélioration des soins et du bien-être des patients. C’est une belle voie d’évolution pour ceux qui cherchent à innover et à élargir leur spectre de compétences au sein de notre profession.

Quelle distinction faites-vous entre une IPA et une IDE ASALEE ?

Sara : La principale différence réside dans la formation et le champ d’action. Un IPA suit une formation exigeante de deux ans qui confère un niveau master, tandis qu’une IDE ASALEE complète une formation de 40 heures organisée par l’association ASALEE, centrée sur un protocole spécifique. L’IDE ASALEE travaille en étroite collaboration avec les médecins généralistes pour optimiser la prise en charge des maladies chroniques au sein de la population, mais toujours dans le cadre défini par l’association ASALEE. L’IPA, quant à lui, dispose d’une autonomie et d’une étendue de pratiques plus larges, lui permettant d’intervenir de manière approfondie dans des domaines spécialisés de la santé, au-delà des limites d’un protocole préétabli.

Comment gérer le défi de se libérer pendant deux ans pour la formation IPA, notamment avec les charges financières et professionnelles ?

Sara : C’est un défi de taille, effectivement. Non seulement nous devons gérer nos obligations professionnelles et personnelles, mais aussi faire face aux charges financières continues qui ne s’arrêtent pas pendant notre absence. La formation IPA nécessite un engagement à temps plein durant deux ans, ce qui signifie pour beaucoup d’entre nous de mettre en pause notre activité professionnelle, avec tout ce que cela implique.

Obtenir une aide financière substantielle devient donc indispensable. Les IPA spécialisés en onco-hématologie ou dans le suivi de pathologies chroniques ont parfois l’opportunité d’être financés par les fonds de formation des structures publiques, ce qui allège considérablement le fardeau. Pour les IDEL, la recherche de financements peut s’avérer plus ardue. Heureusement, l’ARS et d’autres organismes peuvent offrir des subventions et des aides financières, mais il est fondamental de bien se renseigner et de préparer sa candidature avec soin.

La clé est de planifier à l’avance, en explorant toutes les options de financement disponibles et en évaluant l’impact de cette pause professionnelle sur notre vie et notre pratique. Cela peut impliquer de négocier des arrangements avec des collègues ou des remplaçants, de revoir sa gestion financière personnelle et professionnelle, et surtout, d’obtenir un soutien financier qui permette de se consacrer entièrement à la formation sans compromettre sa stabilité financière.

Est-ce que cela en vaut la peine, malgré toutes ces difficultés ?

Sara : Malgré les défis, se spécialiser en tant qu’IPA ouvre des horizons professionnels enrichissants et permet de développer une pratique infirmière avancée au service des patients. Cela représente une évolution naturelle pour celles et ceux parmi nous désireux de renforcer leurs compétences cliniques, d’élargir leur champ d’action et d’améliorer la qualité des soins. L’investissement est conséquent, mais les retombées sur le plan professionnel et personnel justifient cet effort. Cela demande de la détermination, de la planification et du soutien, mais le jeu en vaut la chandelle pour ceux qui aspirent à faire évoluer leur pratique et à contribuer de manière significative au système de santé.

Où peut exercer un IPA ?

Sara : Les IPA peuvent travailler dans diverses structures, telles que les hôpitaux, les cliniques, en libéral, ou au sein de Maisons de Santé Pluridisciplinaires.

Avez-vous un témoignage à nous partager sur le parcours pour devenir IPA ?

Sara : J’ai récemment discuté avec une collègue, infirmière en cardiologie, qui a été motivée par son expérience en éducation thérapeutique et les encouragements de son entourage professionnel pour poursuivre une spécialisation en IPA.

Qu’en est-il du salaire et de la reconnaissance de la profession d’IPA ?

Sara : Le salaire des IPA est sujet à débat et peut varier. Toutefois, la valeur de notre profession ne se mesure pas uniquement en termes financiers. L’impact positif sur la qualité des soins et sur le parcours de santé des patients est considérable.

Quelle est la perception de la profession d’IPA dans le système de santé ?

Sara : La profession d’IPA est perçue assez positivement, autant par le corps médical, qui voit dans les IPA un soutien précieux, que par les patients. Mais on sent encore une certaine méfiance de la part de certains paramédicaux, principalement due à l’évolution des responsabilités et au droit de prescription.

Au-delà de la spécialisation en pratique avancée, quelle importance accordez-vous à la formation continue ?

Sara : La formation continue est absolument essentielle dans notre métier, et pas seulement pour ceux qui aspirent à devenir IPA. Ces deux dernières années, par exemple, j’ai participé à des formations sur l’onco-immunothérapie, une approche innovante du traitement du cancer qui requiert une compréhension spécifique des réactions immunitaires des patients. La vaccination est un autre domaine où la formation continue infirmier est nécessaire, surtout avec l’arrivée de nouveaux vaccins et la nécessité de gérer les hésitations vaccinales.

La formation sur le Bilan de Soins Infirmiers (BSI) m’a permis de me tenir à jour des besoins des patients. Et bien sûr, la gestion des plaies et cicatrisations reste le sujet pour lequel il faut se tenir toujours informé, les pratiques évoluent constamment.

Comment ces formations influencent-elles votre pratique quotidienne ?

Sara : Chaque formation me donne une nouvelle motivation. Elles enrichissent ma pratique, me rendent plus confiante dans mes interventions et me permettent d’offrir un soutien plus adapté et personnalisé à chacun de mes patients.

🚀 Le déploiement des infirmiers en pratique avancée (IPA)

Quel impact pensez-vous que le déploiement des IPA aura sur le système de santé ?

Sara : Je suis convaincue que les infirmiers en pratique avancée joueront demain un rôle de plus en plus central dans l’amélioration de l’accès aux soins et la qualité des parcours de santé. Cela permet d’être plus efficace en médecine de ville en prenant en charge des activités jusqu’ici réservées à d’autres professionnels, et en travaillant au plus près des besoins des patients.

Comment voyez-vous l’évolution de la profession d’IPA ?

Sara : La profession est encore jeune et évoluera sûrement en fonction des besoins de santé publique. C’est un métier d’avenir qui s’adaptera et se précisera avec le temps.

Un grand merci à Sara pour cette interview très enrichissante. Et vous, avez-vous suivi la formation des infirmiers en pratique avancée ? Que pensez-vous de ces appels à projet ? N’hésitez pas à partager également vos retours sur le sujet en commentaire.

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