Mode d’exercice du métier d’infirmier peu connu du grand public, nombreux sont pourtant ceux à s’engager en tant qu’infirmier militaire. Lumière sur ces infirmiers pas comme les autres, au travers du témoignage d’Arnaud, IDEL et ancien infirmier militaire.
Comment devient-on infirmier militaire ?
Deux cursus sont possibles :
- Vous êtes déjà infirmier et décidez de rejoindre l’armée.
- Vous intégrez l’armée et décidez de devenir infirmier.
Le service de santé des armées peut embaucher des infirmiers ayant déjà obtenus leur diplôme. Les candidats suivent alors une formation initiale pour être apte à rejoindre un environnement militaire. La période probatoire est de 6 mois.
Si vous décidez de rejoindre l’armée et de vous former au métier d’infirmier, vous rejoindrez l‘Ecole du Personnel Paramédical des Armées (EPPA), dont les conditions d’admission sont semblables à celles d’un IFSI. Au préalable, vous suivrez cependant une formation à l’école des sous-officiers dans l’armée de votre choix : air, terre ou marine.
A noter que les durées d’engagement varient : de 3 à 5 ans si vous rejoignez l’armée en tant qu’infirmier, et de 6 ans si vous vous formez au sein de l’armée.
Une fois votre diplôme acquis, plusieurs options s’offrent à vous :
- Être infirmier en hôpital militaire, pour notamment suivre les blessés de guerre, mais aussi des civils.
- Être infirmier au sein du Centre Médical des Armées, pour ce qui s’apparente à de la médecine du travail.
- Être infirmier sur le terrain pendant des opérations extérieures, dans des zones de conflits, ou encore dans des hôpitaux militaires.
Ces différents modes d’exercice sont très différents les uns des autres, et peuvent donc plaire à tous profils d’infirmiers, que vous recherchiez l’aventure, ou un cadre de travail hors du commun.
Témoignage d’Arnaud, infirmier libéral et ancien infirmier militaire
« Après la fac d’anglais, j’ai fait mon service militaire. Je me suis engagé avec une spécialité infirmier militaire dans la Marine. J’ai d’abord fait mes classes pendant 4 mois puis ai intégré l’Ecole du Personnel Paramédical des Armées (EPPA) pour devenir infirmier. La durée des études est la même que dans le civil : 3 ans et demi. J’ai eu l’opportunité de faire des stages divers, notamment sur des bateaux de la Marine. Ça me plaisait bien ce cadre original, même si ce n’était pas un environnement évident, du fait de l’éloignement avec la famille. Vous pouvez parfois rester plusieurs semaines sans nouvelles. Je me suis donc rabattu sur l’hôpital militaire pendant plusieurs années, notamment à l’hôpital du Val de Grâce. Au total j’ai passé 15 ans dans l’armée.
Comparé au civil, j’y ai vu pas mal d’avantages : un meilleur salaire, 9 semaines de vacances par an et une retraite plus avantageuse. Par contre, on fait certainement plus d’heures, et nous n’avions pas d’horaires. On pouvait donc enchaîner jour et nuit si besoin.
C’est la rencontre avec un ancien camarade infirmier militaire, devenu infirmier libéral, qui m’a proposé d’intégrer son cabinet qui m’a fait basculer en libéral.
D’un point de vue expérience, je pense que l’armée m’a apporté de la discipline, de l’organisation et une certaine rigueur qui profitent à mon métier en libéral. Je pense que ces qualités sont essentielles pour ce mode d’exercice. »
Et vous, avez-vous eu un parcours en milieu militaire ? Témoignez de votre expérience !
je me suis engagée en 1989 après avoir réussi le concours infirmier dans le civil,sur Rouen.
J’y ai fait deux mois de classe,pour manier les armes,apprendre les règlements et la profession de militaire en général.A l’issue,je suis partie en école de spécialité,à Toulon,l’école des infirmiers (qui deviendra deux ans plus tard l’école du personnel paramédical des Armées),où j’ai suivi une formation de 9 mois appelée BEAT pour les marins et CT1 pour l’armée de terre.Départ ensuite en affectation,selon sa sortie de cours.J’ai fait des marches de jour et de nuit afin d’encadrer médicalement des élèves officiers,ainsi que des gardes de nuit aux urgences où j’ai appris à perfuser,recoudre,effectuer des ECG…J’ai repris des cours par correspondance afin de retourner à l’école pour obtenir mon DE,idée de toujours.Nous étions 160 pout 5 places,ce qui change du civil où nous étions plus de mille pour 300 places!!!J’ai réussi également ce concours,identique au civil,et ai intégré l’EPPA pour 38 mois.(Réforme de la profession avec apparition de l’IFSI,allongement des études,heures de psychiatrie supplémentaires,dans le but de supprimer la profession d’infirmiers psy,afin de faire un diplôme plus général où chacun peut travailler dans tous les services.Formation riche avec évaluations formatives et normatives à chaque stage,40 heures de cours par semaine,et modules optionnels obligatoires.Puis,départ en hôpitaux militaires,embarquements ou outre mer.ces formations étaient faites par des infirmiers et médecins militaires sérieux et impliqués où il n’y avait pas de place à « l’à peu près ».Je leur en suis reconnaissante par la quantité de travail,conseils et expériences reçus.Il est vrai qu’étant « corveables à merci »,il n’y avait pas d’horaires et on pouvait accumuler des heures sans les récuperer.Les RTT sont apparues bien plus tard.Ceci peut expliquer les 45 jours de congés annuels.En terme de salaires,cela dépendait du grade et j’ai débutéà 150? par mois en début de carrière pour terminer (à 15 ans pour moi),à 1950?.J’ai pu plonger,faire de l’hélicopter,des hélitreuillages,des activités purement militaires qui ont complété ma formation et m’ont rendus multidisciplines!!!L’armée m’a rendue rigoureuse,exigeante,exhaustive dans ma qualité de travail,respectueuse de l’autre,de ses secrets,ses habitus.Belle experience humaine et professionnelle!Emmanuelle