
Dans un contexte de vieillissement démographique et de demande croissante en soins à domicile, un nouvel accord vient renforcer la collaboration entre l’HAD (Hospitalisation à Domicile) et l’infirmière libérale. L’objectif est clair : offrir aux patients un parcours de soins plus fluide, plus sûr et mieux coordonné, tout en optimisant les ressources du système de santé et en réduisant les hospitalisations évitables. En pratique, qu’est-ce que ce rapprochement change réellement ? Quel est le véritable rôle des IDEL pour les HAD ? Quels sont leurs engagements ? Quelles sont les modalités d’intervention et de rémunération ? Quelles conditions permettent une collaboration réussie ? La Ruche vous apporte des réponses et éclaire les contours des HAD.
Un nouvel accord pour renforcer la collaboration entre IDEL et HAD
Le 19 novembre 2025, un accord a été signé entre les syndicats d'infirmiers libéraux (FNI et SNIIL) et la Fédération Nationale des Établissements d'Hospitalisation à Domicile (FNEHAD). Cet accord a pour objectif de formaliser la collaboration entre IDEL et HAD, en garantissant la qualité et la continuité des soins. Ce protocole fixe des règles claires concernant la rémunération des soins infirmiers et les modalités de coopération.
Les principaux points de l'accord comprennent :
- Un cadre homogène pour la rémunération : L’accord établit une base pour la rémunération des actes infirmiers, en alignant les cotations sur la Nomenclature des actes professionnels (NGAP). Des cotations supplémentaires ont été définies pour les soins complexes (ex. : fin de vie, pathologies chroniques, situations difficiles).
- Des engagements réciproques : L’accord formalise l'accès au Dossier Patient Informatisé (DPI), la formation spécifique des IDEL (ex. : pose de pansements à pression négative), et la priorité donnée aux IDEL qui suivent un patient avant son entrée en HAD pour les soins à domicile.
- Une meilleure coopération territoriale : L'accord vise à fluidifier les relations entre HAD et IDEL, facilitant ainsi les négociations et garantissant une meilleure continuité des soins.
- 85% des HAD concernées : Bien que cet accord ne soit pas opposable juridiquement, il concerne déjà 85% des structures HAD, et est attendu comme un levier essentiel pour structurer la coopération.
Cet accord marque un tournant dans la relation entre IDEL et HAD, en apportant plus de transparence et de stabilité dans les conditions de travail des IDEL et en reconnaissant davantage leur rôle crucial dans la prise en charge des patients à domicile.
Les Hospitalisations à Domicile (HAD)
Décrite comme l'hôpital à la maison, l'Hospitalisation à domicile (HAD) permet d'éviter ou de raccourcir une hospitalisation avec hébergement pour certains patients atteints de pathologies graves, aigües ou chroniques (évolutives et/ou instables). Les patients concernés peuvent ainsi rester dans un cadre familier tout en bénéficiant de soins ponctuels, continus et de réadaptation. Les soins sont prodigués à domicile, mais ils se différencient des autres par leur durée, leur complexité et leur fréquence. En l'absence de cette structure médicale, le patient devrait être hospitalisé en établissement de santé.
De nombreux professionnels de santé (salariés ou libéraux) sont amenés à participer à l'HAD : médecin coordinateur, infirmière, aide-soignant, psychologue, kiné… C'est le médecin traitant ou hospitalier qui va diriger le patient vers l'HAD. Suite à cela, une première évaluation médicale sera faite par le médecin coordonnateur de l'HAD. Puis une infirmière (ou plusieurs) interviendra pour faire une évaluation paramédicale afin de coordonner les soins et le matériel nécessaire à domicile.
Certains HAD travaillent exclusivement avec des libéraux pour les soins directs, quand d'autres opèrent à moitié avec une équipe salariée et à moitié avec des libéraux (médecins, infirmiers, aides-soignants…).
Le rôle de l'infirmière libérale
Le rôle de l'infirmière libérale qui intervient au sein d'une HAD est d'assurer les soins prescrits par le médecin au quotidien : pansements complexes, chimiothérapie, injection, aide à la toilette, etc. Elle est régulièrement en lien avec une infirmière coordinatrice qui a pour mission de gérer la permanence des soins de l'entrée du patient en hospitalisation à domicile jusqu'à sa sortie. L'infirmière coordinatrice sera là pour informer l'infirmière libérale sur la prise en charge.
Les modalités d'intervention et de rémunération
Pour intervenir au sein d'une HAD, l'infirmière libérale devra signer une convention avec la structure d'hospitalisation à domicile. Celle-ci précisera la rémunération (forfait journalier, tarification à l'acte, etc.) et les différentes modalités de prise en charge du patient. L'infirmière libérale devra également signer une lettre de mission qui détaillera l'identité du patient, les dates, le protocole de soins et sa prestation.
Les conditions d'une collaboration réussie entre HAD et infirmière libérale
La clé d'une collaboration réussie est l'entraide. L'infirmière libérale et l'HAD doivent travailler ensemble. Elles doivent aussi s'entraider lorsqu'elles sont confrontées à des difficultés. L'infirmière libérale ne doit pas hésiter à demander une expertise particulière. Elle peut également s'appuyer sur l'HAD pour obtenir du matériel de soin spécifique.
Pour garantir une meilleure prise en charge, l'HAD peut former l'infirmière libérale sur certains soins spécifiques. Cela lui permettra de monter en compétences et d'améliorer ses pratiques.
Lorsqu'un patient est suivi par une infirmière libérale avant son entrée en HAD, cette dernière doit être sollicitée pour réaliser les soins techniques. Cela représente un avantage pour le patient et l'établissement. L'infirmière libérale connaît déjà son patient et son environnement. Elle joue ainsi un rôle crucial dans la prise en charge grâce à ce lien de confiance. L'HAD ne doit pas rompre cette relation pour éviter toute rupture dans le parcours de soin.
Les avantages de cette collaboration
La collaboration avec l'HAD peut s'avérer être très enrichissante pour l'infirmière libérale car elle lui permettra de diversifier son quotidien avec des actes qu'elle ne fait pas d'ordinaire en tournée de soins. Elle aura aussi l'occasion de travailler avec d'autres professionnels de santé et de découvrir d'autres méthodes de travail.
Les inconvénients
Le principal point de friction entre les IDEL et les HAD est la rémunération versée. Ce sont les HAD qui fixent les cotations des actes infirmiers, et malheureusement, elles ne respectent pas souvent la Nomenclature des actes professionnels (NGAP). Les IDEL doivent donc négocier les cotations et il est parfois difficile pour elles d'avoir gain de cause.
Et vous, avez-vous déjà collaboré avec une HAD ? Si oui, racontez-nous votre expérience en commentaires ! Retrouvez dès à présent notre deuxième partie sur les SSIAD !





On parle de la surcharge de travail et la mise en HAD abusive pour des constantes tous le jours !!! Et le gâchis de matériel délivré... Et le pire pas de médecin juste des infirmières coordinatrice le s decision prise de manière unilatérale sans concertation avec l'idel !!!
Très mauvaise expérience sur Marseille avec plusieurs HAD. Nous vendent une rémunération alléchante et paye que La moitie .. cr’ertzines HAD gérée par un idec peu compétent et mal formé qui nous laisse nous dépatouiller seule.. week end et jours fériés… des astreintes et des retours à notre charge… des escrocs. Je ne travaille plus avec eux
Une vaste blague notre profession est une fois de plus dévalorisée , tout comme pour la circulaire 2025 des perfusions . Pour ma part je refuserai soins had, et les perfusions dorénavant.
je suis idel de campagne et trop loin d'une ville où se trouvent les bureaux de l'HAD. Lors de nos collaborations , l'HAD nous impose l'astreinte car ils sont trop loin pour se déplacer la nuit, c'est pratiquement toujours ce qui pose problème et de plus en plus nous refusons ces prises en charge.
Bonjour,
A Bordeaux , les relations sont bonnes avec l'HAD, nous gardons nos soins et ils gèrent les astreintes, les urgences , les soins de dépendances. Là où je me pose la question c'est par rapport à la prise en charge des cotisations URSSAF de 9,7 % car honoraire non conventionné. Qu'en est il aujourd'hui de la Loi Fourcade qui prévoyait que les cotisations sociales soient prises en charge par l'assurance maladie?
Et l astreinte n est pas payée, on reste coincées chez nous pour un appel éventuel. De plus lors de nos dernières interventions de nuit le had. Ne voulait payer que le déplacement et la majoration, pas d acte. Sous prétexte que appuyer sur le bouton pour remettre la pompe en route ne prend qu une minute !
Autres inconvénients à mon sens : quand de plus en plus d’HAD exigent que l’astreinte de nuit soit gérée par les libéraux … en plus d’être à 1000% la journée, il faut l’être aussi la nuit, avec tout ce que ça engage. Et ensuite l’isolement, car malheureusement dans les expériences que j’ai pu connaître, à part l’infirmière coordinatrice, de temps en temps le médecin de l’HAD ( quand il est disponible) nous n’avons pas d’interlocuteur. Les autres libéraux ( Kiné, médecin traitant, …) sont absents, ce n’est plus un travail d’équipe mais bien un travail d’infirmière libérale avec du matériel de l’hôpital, quand on a vendu au patient et à la famille de « l’hospitalisation » à domicile…