Interview : suivre un DU infirmier (diplôme universitaire) pour se différencier en tant qu'IDEL

Interview : suivre un DU infirmier (diplôme universitaire) pour se différencier en tant qu'IDEL

Dans un secteur où l'excellence et l'adaptabilité sont des atouts précieux, se spécialiser est devenu presque une nécessité pour les infirmières libérales. Et si la clé de cette différenciation résidait dans le diplôme universitaire infirmier (DU infirmier) ? C’est ce que Julien, infirmier libéral depuis 2009, passionné et toujours en quête de nouveaux défis, nous explique dans cette interview. Ces formations, souvent perçues comme des diplômes "en plus", sont pourtant de véritables tremplins pour se distinguer, élargir ses compétences et répondre aux besoins spécifiques des patients. À travers ses expériences, Julien nous dévoile pourquoi le DU infirmier est devenu un incontournable pour tous ceux qui souhaitent se faire un nom tout en exerçant avec expertise et passion. Une plongée dans l'univers des DU infirmiers, pour comprendre comment ils peuvent transformer une carrière d'infirmière libérale. 😊

La motivation et le parcours ne font qu'un

Peux-tu nous parler de ton parcours en tant qu'infirmier libéral ?

Julien : Cela fait maintenant 16 ans que j’exerce en tant qu’infirmier libéral, principalement en Île-de-France (92). Au cours de ma carrière, j’ai occupé trois statuts différents : j’ai débuté comme collaborateur, puis j’ai fait du remplacement avant de créer mon propre cabinet. J’ai commencé seul, puis l’équipe s’est agrandie progressivement : nous sommes passés à deux, puis à trois. Ces expériences m’ont permis d’appréhender différentes façons de travailler et de gérer un cabinet. J’ai donc une vision globale des différents modes d'exercice et des situations auxquelles un infirmier libéral peut être confronté, tout en m’adaptant aux défis liés à l’organisation et au quotidien du métier.

Qu'est-ce qui t'a donné envie de suivre un diplôme universitaire en complément de ton activité ?

Julien : En tant qu’infirmier libéral, je me suis rendu compte les plaies et les pansements représentent une grande partie de notre activité, qu’ils soient simples ou complexes, en plus des injections. Cela constitue une part majeure de notre travail quotidien. Malgré mon expérience en milieu hospitalier, je percevais parfois certaines lacunes ou des contradictions dans mes pratiques. J’ai donc souhaité approfondir mes connaissances sur un sujet qui représente environ 50 % de mon activité : la cicatrisation des plaies aiguës et chroniques.

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Pourquoi as-tu choisi ce diplôme universitaire en particulier ?

Julien : Il existe de nombreux DU infirmiers, comme ceux sur le diabète ou la chimiothérapie, selon les domaines qui nous intéressent. En 20 ans, la recherche a beaucoup évolué, et je trouve essentiel de rester à jour sur les "nouveautés". Ce DU m’a permis de me replonger dans la théorie après plusieurs années sur le terrain. Bien sûr, l’expérience pratique nous apprend énormément, mais le savoir théorique est tout aussi précieux.

Obtenir un DU, c’est acquérir un diplôme universitaire reconnu qui valorise nos compétences. C’est important, car je réalise aujourd’hui que cette reconnaissance attire et rassure les patients. Contrairement à une simple formation, un DU peut être mentionné sur nos cartes de visite ou la plaque de notre cabinet. Pour les patients, cette certification est un gage de sérieux et de professionnalisme. Cela représente un véritable atout pour renforcer leur confiance et les inciter à se tourner vers nous.

Ce qui m’a poussé à m’orienter vers ce DU, c’est avant tout une raison objective et intellectuelle, mêlée à une véritable curiosité. J’ai adoré l’expérience de retourner sur les bancs de l’école, mais ce qui m’a particulièrement marqué, ce sont les échanges avec des confrères et consœurs ainsi qu’avec d’autres professionnels de la santé. Ces interactions ont été incroyablement enrichissantes, tant sur le plan personnel que professionnel.

Est-ce que ça t'as permis de sortir de ta "routine"?

Julien : Absolument, ça m’a vraiment permis de m’extraire du quotidien. C’est une belle occasion de prendre du recul sur notre métier, ce qui est important, car on a souvent "le nez dans le guidon", comme c’est le cas pour beaucoup de professions, notamment la nôtre. En parler aujourd’hui me donne d’ailleurs envie de reprendre un autre DU infirmier pour continuer à monter en compétences !

Un choix et une organisation au cœur de cette décision

Comment as-tu réussi à organiser ton emploi du temps pour suivre cette formation tout en travaillant en même temps ?

Julien : En tant qu’infirmier libéral et étudiant à l’université, il faut s’adapter, mais c’est tout à fait faisable. En réalité, ce type de formation ne demande pas tant d’heures que ça. De mémoire, le DU se déroule sur environ quatre semaines au total. La plupart des infirmiers libéraux travaillent souvent une semaine sur deux, donc il suffit d’organiser son planning pour libérer les semaines nécessaires.

Dans mon cas, il y avait deux sessions de cours en présentiel, assez intenses, du lundi au vendredi toute la journée. Ces sessions étaient très enrichissantes, avec des professeurs et des spécialistes reconnus dans des domaines comme la greffe ou la recherche. Le contenu était vraiment passionnant et de très haut niveau.

En plus des cours, il y avait deux stages à réaliser, chacun d’une semaine. J’ai choisi un stage proche de chez moi pour simplifier la logistique. Au final, c’était réparti sur une année, ce qui permettait de s’organiser assez facilement sans trop de stress. En étant bien préparé, le rythme est tout à fait gérable.

As-tu bénéficié d'aides financières ou d'un accompagnement pour financer ton diplôme universitaire ?

Julien : Oui, ma formation a été prise en charge en grande partie par un système de financement auquel tous les infirmiers libéraux ont accès via l’URSSAF. Par contre, il n’y avait pas de compensation financière pour les heures non travaillées, comme cela peut exister dans certaines formations. Seul le coût de la formation était couvert, pas une indemnisation pour le manque à gagner lié au temps passé en formation.

À l’époque, il fallait monter un dossier pour obtenir cette aide. Ce n’était pas très connu à ce moment-là, et même si la procédure demandait un peu d’administratif, cela restait accessible. Le financement concernait principalement les formations directement liées à la profession d’infirmier libéral.

Pour ma formation, le coût s’élevait à environ 2 000 à 3 000 €, ce qui était largement financé grâce à ce dispositif. Peut-être que les choses ont évolué depuis, mais c’était déjà une belle aide à l’époque.

Le DU infirmier : des impacts sur l'activité

Quelles compétences spécifiques as-tu acquises grâce à ce DU infirmier ?

Julien : C’est incroyable tout ce que cette formation m’a apporté, notamment sur des règles essentielles comme l’hygiène. Par exemple, le lavage des plaies à l’eau est une pratique que je défends au quotidien, que ce soit auprès des patients ou d’autres professionnels. Grâce à ce DU, j’ai pu comprendre les bases scientifiques derrière cette recommandation. On a passé des heures en cours à expliquer des notions comme le biofilm, et ça change complètement la perspective.

Cela m’a également permis de remettre en question certaines idées reçues. Par exemple, on entend souvent que les patients ne doivent pas toucher leurs pansements ou éviter les douches. Certes, il y a des exceptions, mais dans la majorité des cas, ces interdictions ne sont pas justifiées.

Ce DU infimier a transformé ma manière de travailler, non seulement sur le plan théorique mais surtout dans mon discours et les messages que je transmets aux patients. Au final, c’est moins la technique qui a évolué que mon approche pédagogique et éducative auprès des patients.

Des avantages mais aussi des limites

Quels sont, selon toi, les principaux avantages de suivre un DU infirmier pour un(e) IDEL ?

Julien : Suivre un DU permet de renouer avec la théorie et d’évaluer ses pratiques, offrant ainsi une opportunité de se professionnaliser. Cela permet également de se spécialiser dans des domaines qu'on ne peut pas toujours explorer à l’hôpital, comme la prise en charge des plaies.

En tant qu'infirmier libéral, cela apporte une reconnaissance professionnelle et permet de se démarquer, notamment pour les nouveaux installés. Par exemple, en mentionnant des spécialisations comme le diabète sur votre profil Google ou fiche Opaline, vous vous faites plus visible. C’est aussi une manière de répondre à la demande de formations, souvent inexistantes à l’hôpital, et de s’investir dans sa profession pour mieux se faire connaître et attirer plus de patients.

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As-tu rencontré des difficultés ou des limites ?

Julien : Pas vraiment, mais il y a des défis normaux à relever, surtout avec les patients. Par exemple, je peux leur proposer mes connaissances et mes conseils, mais ils restent libres de les accepter ou non. On ne peut pas les forcer à suivre ce qu'on leur recommande, comme prendre une douche par exemple. C’est important de respecter cette liberté et d’être flexible dans l’approche. Si un patient ne veut pas, je prends le temps de lui expliquer pourquoi cela pourrait être bénéfique.

Il y a aussi le problème des prescriptions, notamment celles des ordonnances de sortie. Parfois, elles contiennent des indications qui vont à l’encontre de ce que j'ai appris, comme "ne pas prendre de douche" ou "ne pas laver la plaie", ce qui est contraire aux recommandations que l’on m’a enseignées. Cependant, j’ai remarqué qu'il y a un retour en arrière sur ce point, et certaines ordonnances maintenant recommandent de prendre une douche.

Ce qui complique les choses, c’est que le patient vient de l’hôpital où il a reçu des instructions opposées à celles que je lui donne. Cela rend parfois la situation difficile, mais je m’efforce de convaincre le patient en expliquant clairement pourquoi ces recommandations sont importantes, en m’appuyant sur des faits scientifiques.

L'avenir après ce DU infirmier et des conseils clés

Quels conseils donnerais-tu à un(e) IDEL qui hésite à se lancer dans un DU infirmier ?

Julien : Il faut vraiment peser les avantages. Bien sûr, il peut y avoir des inconvénients comme le coût ou le temps, surtout si la personne a déjà un emploi à temps plein. Mais dans l'ensemble, c'est totalement faisable. Ce n'est pas du tout chronophage, en réalité. Il y a juste quelques périodes, comme les trois semaines intensives durant l'année, mais elles sont ponctuelles.

Obtenir un diplôme qui reste valable à vie et qui vous permet d'acquérir de nouvelles connaissances et une vraie reconnaissance, ça vaut vraiment le coup. Cela change réellement la façon de voir son métier. Par exemple, dans le cadre de la gériatrie ou du diabète, même après 20 ans d'expérience, je sais que cela m'apportera énormément.

Donc, il ne faut vraiment pas hésiter, car c'est une expérience enrichissante, pas trop chronophage, pas trop coûteuse, et il existe des aides pour financer ce type de formation.

À ton avis, quelles spécialisations ou compétences seront incontournables pour les infirmiers libéraux dans les années à venir ?

Julien : Je pense que certaines spécialisations seront toujours aussi importantes, comme la cicatrisation des plaies, le diabète et la gériatrie. D'ailleurs, tout ce qui touche à la gériatrie pourrait prendre de l'ampleur, notamment avec des compétences en coordination, car c'est un domaine qui demande beaucoup d'organisation, surtout avec les patients âgés et les maladies chroniques.

Je n'ai pas encore exploré toutes les spécialisations possibles, mais la semaine dernière, j'étais vraiment plongé dans mon travail quotidien, et ça m’a rappelé l'importance d'avoir des compétences en coordination. Devenir infirmier référent ou coordinateur, semble être une voie intéressante pour l'avenir.

C’est un domaine à explorer davantage, et je pense qu’il y a encore des formations à prendre, notamment pour les infirmiers libéraux qui veulent se diversifier et se spécialiser dans ces fonctions. Je vais certainement me pencher là-dessus.

Envisages-tu de suivre d'autres formations ou certifications par la suite ?

Julien : Oui, absolument ! Et c'est en partie grâce à toi, je t'assure. Ça m'a vraiment donné envie de continuer. Je me dis qu’il y a tellement de possibilités intéressantes à explorer. Je commence à regarder les universités autour de moi pour voir les formations disponibles, leur durée, leur coût, et comment tout ça pourrait s’intégrer à mon emploi du temps. C’est motivant de savoir qu’il y a toujours des opportunités pour apprendre et se perfectionner.

Le DU infirmier essentiel à la revalorisation des IDEL

Penses-tu que les DU peuvent revaloriser la profession IDEL ?

Julien : Oui, je pense que les Diplômes Universitaires (DU) peuvent réellement aider à revaloriser la profession d'infirmier libéral. Par exemple, certaines spécialisations comme la cicatrisation des plaies, le diabète, ou encore la gériatrie sont très pertinentes et offrent des opportunités d’évolution pour les IDEL. La coordination en gériatrie et diabète semble aussi être une voie prometteuse, surtout dans un contexte de prise en charge de plus en plus complexe des patients âgés.

Cependant, il est important de noter que cela dépend des universités et des régions. Les DU offrent une large gamme de formations intéressantes, comme celles liées à la gestion de la douleur, la santé sexuelle, ou encore la prise en charge des maladies neurodégénératives comme Alzheimer. Il existe aussi des formations sur la coordination des soins, la prévention et l’optimisation de la prise en charge médicamenteuse.

Le fait d’acquérir de nouvelles compétences à travers ces formations peut non seulement enrichir la pratique quotidienne des infirmiers libéraux, mais aussi permettre une reconnaissance accrue de leur expertise. Il est donc crucial pour chaque professionnel de se renseigner sur les possibilités de formation continue qui existent, en fonction de sa pratique et de ses aspirations.

Raconte-nous une petite anecdote sympa

Julien : Bien sûr ! Lors d’un cours, le professeur a commencé avec une provocation qui m’a marqué. Il a déclaré : "En fait, ce que tu fais ne sert à rien, ou du moins pas de la manière dont tu l’imagines." Ça m’a interpellé ! Il expliquait qu’être capable de faire de beaux pansements n’était pas l’objectif principal. Ce qu’on attendait de nous, c’était une capacité à analyser les situations de manière globale.

Il a illustré cela avec l’exemple d’un patient diabétique qui traîne une plaie depuis dix ans. Le problème, ce n’est pas qu’elle ne guérit pas, mais qu’on n’arrive pas à comprendre pourquoi. Ce cours m’a vraiment fait prendre conscience de l’importance de réfléchir au-delà des apparences et d’aller chercher les causes profondes des situations cliniques. Une leçon qui m’accompagne encore aujourd’hui !

Un grand merci à Julien pour cette interview très enrichissante. Et vous, avez-vous suivi un DU infirmier ? Quelle spécialité ? Que pensez-vous ? N'hésitez pas à partager également vos retours sur le sujet en commentaire.⤵️⤵️

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Amélie R.
7 jours

Il est je trouve difficile d’avoir une visibilité quant aux DU qui existent près de chez nous.

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