Les HAD (Hospitalisation À Domicile) et SSIAD (Services de Soins Infirmiers À Domicile) sont deux dispositifs essentiels pour le maintien des soins de qualité à domicile. Ils permettent à des milliers de patients de bénéficier de soins adaptés sans quitter leur domicile. Offrant ainsi un confort et une continuité des soins inégalés. Aujourd’hui, Faustine, IDEL depuis 14 ans, nous partage le rôle que jouent les infirmières libérales au sein de ces deux structures. Infirmière libérale expérimentée, elle nous parle de ses défis, de ses réussites et de l’organisation nécessaire pour intervenir efficacement à la fois en HAD et en SSIAD.
Comprendre les HAD et SSIAD
Qu'est-ce que le SSIAD ?
« Le Service de Soins Infirmiers À Domicile (SSIAD) a pour mission principale de permettre aux personnes âgées de plus de 60 ans ou aux personnes handicapées de recevoir des soins à domicile. L’objectif est de prévenir les hospitalisations, de faciliter le retour à domicile des patients après une hospitalisation et de maintenir l’autonomie des patients. Les soins que l’on dispense en SSIAD incluent :
- 👉 Des soins techniques : tels que les injections, les pansements complexes (cotés en AMI).
- 👉 Des soins de base et relationnels : comprenant les soins d’hygiène et de confort (cotés en AIS), comme la toilette, le nursing et l’aide à la mobilité.
En SSIAD, on intervient sur prescription médicale. Les SSIAD sont composés de divers professionnels de santé, y compris des infirmières libérales, des aides-soignants, des podologues, et d’autres intervenants spécialisés. »
Quelles sont les démarches administratives nécessaires pour collaborer avec un SSIAD ?
« Pour travailler avec un SSIAD, il est impératif de signer une convention avec la structure. Cette convention précise les engagements à respecter, comme la continuité des soins et les modalités d’exercice. Elle inclut également la tenue des dossiers de soins des patients et les modalités de facturation. En tant qu’IDEL, il faut bien comprendre et respecter ces aspects administratifs pour garantir une collaboration fluide et efficace. La convention doit inclure des éléments tels que le respect du règlement de fonctionnement du SSIAD, la garantie de la continuité des soins et les modalités de collaboration avec l’infirmier coordonnateur ».
Qu'est-ce que le HAD ?
« L’Hospitalisation À Domicile (HAD), elle, permet aux patients de recevoir chez eux des soins médicaux et paramédicaux comparables à ceux qu’ils reçoivent à l’hôpital. Le dispositif HAD s’adresse à des patients de tout âge atteints de maladies graves, aiguës ou chroniques nécessitant des soins complexes. Les avantages du HAD incluent :
- 👉 Des soins hospitaliers à domicile : permettant aux patients de rester dans leur environnement familial.
- 👉 Une continuité des soins : avec une équipe pluridisciplinaire incluant médecins, infirmiers, kinésithérapeutes, et autres spécialistes.
- 👉 La réduction du stress : lié aux déplacements à l’hôpital et à l’angoisse de l’hospitalisation.
Pour bénéficier du HAD, une prescription médicale est nécessaire, et un projet de soins est élaboré pour chaque patient en fonction de ses besoins spécifiques. »
La double casquette : HAD et SSIAD
En tant qu’infirmière libérale, vous intervenez à la fois dans le cadre des HAD et des SSIAD. Comment gérez-vous cette double casquette ?
« Cette double casquette est effectivement un défi, mais également une grande opportunité. En intervenant à la fois pour des HAD et des SSIAD, je suis en mesure d’offrir une continuité de soins qui va au-delà des simples interventions ponctuelles. Pour gérer cette double casquette, il est essentiel d’avoir une excellente organisation et une communication claire avec les différentes équipes. Chaque intervention doit être bien planifiée et coordonnée avec les autres professionnels de santé impliqués. Cela permet d’assurer que le patient reçoit les soins nécessaires sans interruption et avec une qualité constante. »
Quels sont les principaux avantages que vous trouvez à travailler à la fois avec les HAD et les SSIAD ?
« Travailler simultanément avec les HAD et les SSIAD me permet de proposer une prise en charge plus globale et continue pour mes patients. Le fait de pouvoir assurer des soins hospitaliers tout en restant dans le cadre du domicile des patients est un énorme avantage. Cela réduit considérablement le stress et l’angoisse liés aux déplacements fréquents à l’hôpital. De plus, les patients bénéficient d’un suivi par une équipe qui les connaît bien, ce qui renforce la qualité des soins et la confiance entre le patient et les soignants. »
Quels sont les défis spécifiques que vous rencontrez en portant cette double casquette ?
« Je dirais que la gestion du temps et la coordination sont les plus grands défis. C’est important de savoir jongler entre les différentes demandes et de s’assurer que chaque intervention est bien alignée avec les besoins spécifiques du patient. La communication est un autre aspect. Il faut être en contact permanent avec les équipes des HAD et des SSIAD pour garantir que tout se passe sans accroc. Et, la gestion administrative peut être complexe aussi, car il faut s’assurer que toutes les démarches et les facturations sont correctement réalisées pour chaque type de structure. »
Modalités de facturation et de financement en HAD et SSIAD
Comment se passent les modalités de facturation et de financement de vos interventions ?
« Les modalités de financement de nos honoraires par les SSIAD sont régies par la convention que nous établissons avec eux. Nous devons déterminer avec le SSIAD les honoraires versés, en fonction des actes réalisés. Les factures doivent être envoyées avec les prescriptions médicales aux SSIAD, qui les règlent ensuite. Ce mode de financement est hors du champ conventionnel avec l’Assurance Maladie, ce qui signifie que nous devons prendre en charge entièrement nos cotisations sociales URSSAF.
Pour les HAD, c’est un peu différent. Les interventions HAD sont souvent prises en charge directement par l’Assurance Maladie, ce qui simplifie le processus de facturation. Il faut suivre les protocoles de facturation spécifiques à chaque structure et de veiller à ce que toutes les documentations nécessaires soient en ordre. »
Pouvez-vous nous en dire plus sur l'impact de la Loi Fourcade sur votre collaboration avec les SSIAD et les HAD ?
« La Loi Fourcade prévoit que nos cotisations sociales d’infirmières libérales travaillant avec des SSIAD soient prises en charge par l’Assurance Maladie. Toutefois, il me semble qu’à ce jour, il n’existe pas d’arrêté permettant d’appliquer cette loi. C’est pourquoi nous devons encore gérer nos cotisations de manière indépendante, ce qui peut représenter une charge financière significative. Pour les interventions en HAD, la Loi Fourcade n’a pas de conséquence directe puisque ces interventions sont déjà couvertes par l’Assurance Maladie. Mais, nous espérons que des évolutions législatives permettront bientôt de simplifier ces démarches et de réduire les charges pour les infirmières libérales. »
Stratégies de gestion et de coordination
Comment gérez-vous vos interventions entre les HAD et les SSIAD ?
« L’une de mes stratégies clés est de tenir un planning très détaillé et de le mettre à jour régulièrement. Cela inclut non seulement les horaires des soins, mais aussi les points de coordination avec les autres professionnels de santé. J’utilise également des outils numériques pour partager les informations de manière sécurisée et efficace. Les réunions régulières avec les équipes des HAD et des SSIAD sont aussi essentielles. Elles permettent de discuter des cas des patients, d’ajuster les plans de soins et de résoudre rapidement les éventuels problèmes. »
Pouvez-vous partager une expérience où votre double casquette a fait une différence pour un patient ?
« Un cas qui me vient en tête est celui d’un patient âgé avec une maladie chronique qui nécessitait des soins complexes et réguliers. En tant qu’infirmière libérale, j’ai pu assurer une continuité des soins en coordonnant à la fois les interventions du SSIAD pour les soins de base et celles du HAD pour les soins plus techniques et spécialisés. Cette approche intégrée a permis au patient de rester chez lui, dans un environnement familier, tout en recevant tous les soins nécessaires sans interruption. Le patient et sa famille ont exprimé une grande satisfaction et une confiance renforcée dans le système de soins à domicile. »
👉 Un grand merci à Faustine pour son témoignage éclairant et pour le dévouement dont elle fait preuve chaque jour dans son travail.
🔎 Avez-vous des questions ou des expériences à partager concernant la collaboration avec les SSIAD et les HAD ? N’hésitez pas à nous laisser un commentaire ou à nous contacter !
