Imaginez un univers professionnel où l’indépendance est au rendez-vous, où votre expertise est non seulement requise mais aussi valorisée, et où votre action au quotidien fait la différence dans la vie des patients. Le métier d’IDEL incarne, malgré ses défis actuels, cet univers où compétence et humanité se conjuguent en une profession indispensable.
Bien que les challenges soient importants et que la crise traverse la profession, le métier d’IDEL demeure un pôle fondamental dans notre système de santé, et l’image d’un avenir plus harmonieux, où votre rôle et votre expertise seraient pleinement reconnus et exploités, est une perspective non seulement désirable, mais cruciale. Car au-delà des politiques, des systèmes, et des transformations, c’est dans l’humanité du soin, dans ces visites à domicile où réside l’essence d’un métier où l’humain est au cœur de chaque action que les pistes de réflexion ci-dessous permettront d’envisager les évolutions du métier.
Reconnaître les compétences des IDEL pour plus d’indépendance
L’objectif est de valoriser l’indépendance des IDEL à l’horizon 2030, en s’inspirant notamment des pratiques internationales où les infirmières évaluent et déterminent les priorités de soins grâce à leur expertise clinique. En accroissant leurs responsabilités, leur autonomie et leur aptitude de soin sont renforcées.
L’indépendance, tout en mettant en avant la responsabilité individuelle du professionnel de santé libéral vis-à-vis de son patient, donne une importance de taille au collectif. Une extension du domaine d’intervention des Ordres est envisageable pour mieux subvenir aux nécessités des professionnels, notamment en matière de formation et de communication.
La quête d’indépendance est donc un enjeu à la fois collectif et culturel, nécessitant un accent sur la formation continue, non seulement sur les compétences techniques mais également sur la déontologie, afin d’exercer une profession libérale en accord avec ses principes éthiques.
L’IDEL « Référent » : une nouvelle idée ?
Ce concept, similaire au médecin traitant, ne créerait pas de nouveaux métiers mais utiliserait mieux les compétences des IDEL. On peut imaginer des équipes médecin-infirmier référents, où l’IDEL pourrait aider à réduire les temps d’attente pour des soins à domicile urgents.
Évolution et technologie
Le métier doit évoluer, et cela passe par l’utilisation des outils numériques. L’usage de logiciels de gestion pour les infirmiers, permettant de gérer en mobilité les données des patients, les ordonnances et de facturer en direct, se révèlent indispensables pour faciliter le quotidien des IDEL et faire face aux nouveaux défis de la profession.
Réduire les jours d’hôpital grâce aux IDEL
L’enjeu est de taille : économiser plus de 2 millions de journées d’hospitalisation chaque année. Les IDEL pourraient jouer un grand rôle ici, en aidant à gérer les patients chroniques pour éviter des hospitalisations souvent non nécessaires. Des économies autour de 11 milliards d’euros, si les IDEL pouvaient ajuster certains traitements médicamenteux ! Ils.elles le font déjà, en ajustant les protocoles pour les patients diabétiques qui dépendent de l’insuline, par exemple.
Miser sur les MSP et les CPTS
Les maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP) et les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) étaient au cœur du plan « Ma Santé 2022 ». Aujourd’hui, les infirmiers libéraux et autres soignants veulent en faire la base des soins locaux. Depuis quelques mois, beaucoup de rencontres ont lieu pour penser le futur de la santé en France. La crise sanitaire a surtout mis l’hôpital au centre des débats, et cela a créé de la frustration chez les infirmiers libéraux et les autres professionnels de santé.
Pour ne pas être oubliés, les soignants de ville se sont réunis pour influencer les futurs changements. Deux associations, AVECsanté et France Assos Santé, ont donc publié un manifeste pour changer les soins primaires. Ce texte ne remet pas en cause le besoin de changer l’hôpital et pointe des problèmes comme :
- Le manque de médecins
- L’augmentation des maladies chroniques
- La population qui vieillit
Face à une population vieillissante, plus de pauvreté, et des déserts médicaux, le manifeste montre que les équipes pluriprofessionnelles travaillent mieux ensemble, surtout depuis la crise sanitaire. L’avenir de la santé en ville doit s’appuyer sur cette force collaborative.
Des lois et des pratiques reconnectées avec la réalité du terrain
Un des facteurs agitant le mécontentement est l’application de lois et projets qui semblent ignorer les réalités auxquelles sont confrontées les IDEL. Cela s’illustre notamment par des dispositions comme la loi de financement de la Sécurité sociale, qui impose des contraintes supplémentaires sans sembler apporter de solutions palpables aux problématiques existantes.
Une revendication juste : écoute, reconnaissance et action
Le dévouement indéniable des IDEL est mis en lumière par leur présence constante, 7 jours sur 7 et 365 jours par an, sur tout le territoire et dans toutes les conditions. Pourtant, la reconnaissance de cet engagement se fait rare. Il y a donc urgence à engager des négociations conventionnelles et d’ouvrir un dialogue sérieux et constructif autour des problématiques majeures de la profession.
L’aspiration n’est pas simplement une demande d’écoute, mais une exigence légitime de reconnaissance et d’actions concrètes qui reflètent l’importance et les difficultés de la profession infirmière libérale. À travers une écoute active et un engagement à soulever les problématiques du terrain, les différentes organisations et les syndicats persistent dans leur mission de redorer le blason de la profession, afin qu’elle retrouve sa grandeur et son attractivité.
Cet éclairage sur l’avenir des IDEL souligne l’impératif de mettre en place des mesures audacieuses, empathiques et avant tout, enracinées dans la réalité quotidienne des professionnels de santé libéraux. Pour qu’au-delà des chiffres et des statistiques, les aspirations, les souffrances et les espoirs des infirmières et infirmiers libéraux soient non seulement entendus, mais résolument pris en compte.
Malgré les nombreux défis associés à cette profession, les avantages d’être IDEL restent multiples et permettent d’exercer une profession de santé de manière autonome, plus proche des patients, et de contribuer activement à l’amélioration du système de soins à domicile et de la santé communautaire.
Selon les hypothèses de la Drees, les infirmiers continueraient à exercer à l’hôpital public (44% d’entre eux) mais l’exercice libéral devrait fortement se développer pour passer de 14% (2014) à 23% en 2040. L’âge moyen des infirmiers augmenterait de 41 ans en 2014 à 43 ans en 2040.
Envisageons ensemble un futur où les IDEL ne représentent pas uniquement un soutien, mais incarnent des acteurs essentiels dans le domaine de la santé. Ils.elles tiennent une place de choix dans les équipes médicales et exploitent les outils numériques pour optimiser leur travail et le rendre plus efficace.
Un futur où la technologie s’affirme en tant qu’alliée, assistant les IDEL non seulement dans la gestion de leur travail administratif, mais aussi pour assurer une prestation de soins optimale aux patients, sans compromettre leur sécurité ou leur confort.
Certes, les défis et les problématiques demeurent à résoudre, mais en unissant nos forces, en valorisant nos compétences et en prenant soin les un.e.s des autres, l’avenir des IDEL en France est plein d’espoir. Avec détermination, il nous appartient de co-écrire ce futur plus doux pour les soins infirmiers libéraux.
