Maman et infirmière libérale : organisation, garde bébé, enfant…

maman et infirmière libérale

Être infirmière libérale et maman, c’est jongler entre deux univers exigeants : les soins à domicile d’un côté, la gestion familiale de l’autre. Chaque journée est une course-contre-la montre, rythmée par les patients, les trajets, les horaires scolaires, les imprévus de dernière minute. Pourtant, si l’équilibre est parfois difficile à atteindre, il reste possible. Mieux encore : certaines trouvent dans ce mode de vie une forme d’autonomie précieuse. Pour illustrer cet article, nous avons recueilli le témoignage de Laure, 30 ans, infirmière libérale en Haute-Garonne depuis 4 ans. Maman d’Alma, 3 ans, elle a fait le choix de s’installer peu après la naissance de sa fille. Entre adaptations, erreurs, victoires et remises en question, elle partage son quotidien avec sincérité et donne des pistes concrètes à celles qui souhaitent, elles aussi, concilier leur métier et leur rôle de mère.

Qui est Laure, infirmière et maman ?

"Je suis infirmière depuis 8 ans, installée en libéral depuis 4 ans dans un cabinet à deux. J'ai commencé en libéral peu après la naissance de ma fille Alma, qui a aujourd’hui 3 ans. Avant ça, j’étais en hôpital, en médecine gériatrique. Le rythme était trop lourd avec un bébé, et le besoin d’autonomie m’a poussée à me lancer."

Pourquoi avoir choisi de s’installer avec un nourrisson ?

"Beaucoup de collègues ou d’amies me disaient d’attendre, de prendre du temps pour profiter de mon bébé, que le libéral, ce serait trop dur à gérer. Et honnêtement, je comprends ces inquiétudes. Mais à ce moment-là, j’étouffais à l’hôpital. J’avais besoin de reprendre la main sur mes horaires, de sortir du cadre trop rigide, de créer un quotidien qui me ressemble. Évidemment, s’installer quand on a un nourrisson, c’est un vrai défi. Les nuits hachées, la fatigue physique, la peur de ne pas être à la hauteur, tout est démultiplié. Mais je me disais aussi que c’était peut-être le bon moment pour poser mes conditions. C’est ce que j’ai fait. Et quatre ans plus tard, je ne le regrette pas."

Guide pour devenir infirmière libérale

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Comment s’organise une journée type d’infirmière et maman ?

"En général, je me lève vers 5h45. Je pars de la maison à 6h30 pour commencer ma première tournée. Pendant ce temps, Alma dort encore. C’est son papa qui la réveille, la prépare et l’amène chez l’assistante maternelle. J’enchaîne les soins du matin jusqu’à environ 10h30 ou 11h, puis je rentre chez moi. Je profite de la pause de mi-journée pour faire les courses, lancer une machine, gérer mes papiers ou préparer les repas. Parfois, je m’octroie une sieste. Ensuite, je repars pour la deuxième tournée de la journée vers 13h30, que je termine au plus tard à 16h30. Je vais ensuite chercher Alma, et on enchaîne avec la soirée : bain, jeux, dîner, coucher. Le mercredi, je ne travaille pas. C’est notre journée mère-fille, que je défends bec et ongles. Je travaille un week-end sur deux, parfois un sur trois, selon notre planning au cabinet. C’est dense, mais j’ai appris à cadrer. J’organise chaque semaine à l’avance : tout est noté dans un agenda partagé avec mon compagnon. Sans cette anticipation, je n’y arriverais pas."

Et côté garde, comment avez-vous trouvé l’équilibre ?

"Au départ, c’était vraiment du système D. On n’avait pas encore de nounou, et la crèche ne prenait pas avant 8h. Ma mère, qui est à la retraite, m’a énormément dépannée. Le matin, elle venait à la maison pour s’occuper d’Alma jusqu’à ce que son père soit libre pour l’emmener. On a jonglé comme ça pendant plusieurs mois. Puis, on a trouvé une assistante maternelle géniale, qui accepte d’ouvrir un peu plus tôt certains jours. Elle connaît nos contraintes, nos horaires, et fait preuve de beaucoup de souplesse. En échange, je fais tout pour respecter ses horaires et ne jamais être en retard. J’ai aussi des plans B : ma mère, une voisine très aidante, une amie infirmière. Quand on est IDEL et maman, il faut construire un petit réseau d’entraide, sinon on ne s’en sort pas. C’est un équilibre fragile, mais qu’on renforce chaque jour."

La famille, un binôme indispensable

"Le soutien de mon compagnon est fondamental. Sans lui, je ne pourrais pas tenir ce rythme. On s’est rapidement mis d’accord pour fonctionner comme une équipe : il gère les matins, je m’occupe des fins de journée. Chacun a ses responsabilités, ses zones de "garde", et on ajuste au fil des semaines. On utilise un agenda partagé pour les rendez-vous, les soins d’Alma, les exceptions. On anticipe les réunions, les déplacements. Et surtout, on communique beaucoup. On se fait des points réguliers, on s’adapte. Aucune semaine ne ressemble à la précédente, mais on a un socle stable. Être infirmière et maman, ça ne peut pas reposer sur une seule personne. C’est un projet de famille."

Concilier vie pro et vie perso quand on est maman et infirmière libérale

Travailler moins pour être plus présente : un vrai choix

"Quand Alma est née, je pensais que je pourrais continuer à faire 80 soins par semaine. Très vite, j’ai compris que ce n’était pas soutenable. J’étais épuisée, irritable, triste même parfois. Alors, j’ai décidé de réduire. Je fais environ 60 soins par semaine aujourd’hui, et c’est déjà beaucoup. J’ai aussi fait le choix de ne pas accepter de patients trop éloignés. J’ai perdu un peu en chiffre d’affaires, mais j’ai gagné en sérénité. On a ajusté notre budget, on a revu nos priorités. Je préfère largement gagner un peu moins, mais avoir l’énergie d’être disponible pour ma fille le soir, de dîner en famille, de ne pas m’écrouler dès 19 h. C’est un choix assumé, et je ne reviendrais pas en arrière."

Et la charge mentale, comment gères-tu en étant maman et infirmière ?

"Elle est là. Tout le temps. Je pense aux tournées, aux patients, aux documents à envoyer, aux lessives, aux RDV pédiatres, aux papiers de la nounou... Mon cerveau ne s’arrête jamais. Ce qui m’aide, c’est d’avoir tout centralisé : un agenda papier, un agenda partagé, un tableau magnétique sur le frigo. Je note tout. C’est devenu une seconde nature. Je planifie les menus, je délègue quand je peux. Et je me répète souvent que je ne peux pas tout contrôler. Ce n’est pas simple, mais j’apprends."

Le mélange entre métier et maternité : un poids parfois

"Être infirmière et maman, c’est être doublement exposée. Je suis plus anxieuse que certaines mamans parce que je sais ce qui peut arriver. Je connais les signes d’alerte, les scénarios catastrophes. Et ça me suit parfois à la maison. Je lutte pour que ça ne m’envahisse pas, mais je sais que c’est là.

Comme l’écrivait très justement Annie-Pier Couture, une infirmière pédiatrique québécoise : "L’infirmière amène la maman qu’elle est au travail, et rapporte ses connaissances et son expérience à la maison." C’est exactement ça. Ces deux mondes sont poreux. Et il faut apprendre à vivre avec."

Le regard d’Alma sur ton métier ?

"Alma sait que je suis "l’infirmière des mamies". Elle joue avec mes pansements, elle imite mes gestes. Elle me demande chaque jour si j’ai soigné quelqu’un. Un jour, elle a voulu se déguiser comme moi : blouse, gants, masque. Elle était fière. Moi, j’ai pleuré. Je pense qu’elle comprend que je fais un métier utile. Elle me voit partir tôt, mais elle me voit aussi disponible le soir. Elle sent que je suis là. Et ça compte."

Ton conseil aux IDEL mamans (ou futures mamans) ?

"Ne culpabilisez pas. Vous n’avez pas à tout réussir tout le temps. Testez plusieurs organisations, changez si ça ne fonctionne pas. Entourez-vous, acceptez l’aide. Posez vos limites : à la maison, au cabinet, auprès des patients.

Être infirmière et maman, ce n’est pas un défi à relever seule. C’est une aventure, avec des hauts et des bas, mais qui vaut le coup. Parce qu’on soigne différemment quand on est mère. Parce qu’on transmet aussi des valeurs fortes à nos enfants.

Et surtout : vous avez le droit de penser à vous. Vous êtes aussi une femme. Pas seulement une soignante ou une maman. Et c’est cette femme-là qu’il faut chérir, pour tenir longtemps."

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