Stop aux violences envers les infirmières !

Stop aux violences envers les infirmières

Chaque jour en France, 65 professionnels de santé sont victimes d'agressions verbales ou physiques. Parmi eux, les infirmières et les infirmiers sont en première ligne, exposés à une violence croissante qui affecte leur sécurité, leur santé mentale et la qualité des soins prodigués. En 2023, les signalements de violences ont augmenté de 27 %, atteignant un niveau sans précédent depuis vingt ans. En 2024, l’Observatoire National des Violences en Santé (ONVS) à recenser plus de 23 800 signalements, dont 47 % concernent les infirmiers. 🔎 Cet article fait le point sur les différentes formes de violences, leur impact sur les infirmières libérales, les mesures politiques prises et les solutions pour se protéger efficacement. 

La violence au quotidien : ce que vivent les soignantes en 2025 

Le 25 mai 2023, l'Ordre National des Infirmiers présentait aux pouvoirs publics les résultats d'une consultation. La profession infirmière compte aujourd'hui 562 000 membres en France, dont 87 % de femmes. Une enquête de l'Ordre National des Infirmiers (ONI) révèle que 66 % d’entre elles ont été victimes de violences dans leur exercice professionnel, et 73 % en ont été témoins. 

Les formes de violences les plus répandues sont :  

  • ➡️ Les insultes (75 %),  
  • ➡️ Des menaces (45 %),  
  • ➡️ Le dénigrement (43 %),  
  • ➡️ Des coups (37 %)  
  • ➡️ Et, des menaces de mort (16 %).  

Elles se produisent à l’hôpital (42 %), au domicile (26 %), en EHPAD (15 %) ou en clinique (11 %). Les causes sont multiples : reproches sur la prise en charge, troubles cognitifs, temps d’attente, consommation de substances, ou encore tensions organisationnelles. 

Infirmières libérales : seules face au danger ?

L’exercice en libéral accroît la vulnérabilité : l’isolement, le travail à domicile, le manque de soutien direct sont autant de facteurs de risque. Les IDEL signalent fréquemment des agressions liées aux soins refusés, aux mécontentements ou à des comportements violents non anticipés. Les violences morales, comme le harcèlement ou le chantage affectif, sont aussi courantes et parfois plus destructrices que les violences physiques. 

Des chiffres de 2024 montrent également que 49 % des infirmières ont été confrontées à des violences sexistes ou sexuelles dans leur carrière, mais seules 10 % d’entre elles ont entamé une démarche judiciaire. Le poids du silence, du doute ou du manque de soutien reste très présent. 

Politiques de protection : un tournant attendu en 2025 

Pour endiguer ces violences, plusieurs mesures sont en cours. La loi du 29 janvier 2025 instaure un ratio minimum de soignants par patient. Une proposition de loi attend d’être votée au Sénat pour renforcer la répression pénale des agressions : création d'un délit d’outrage aux soignants, alourdissement des peines, et facilité du dépôt de plainte par les employeurs. Parallèlement, les ARS déploient un réseau de référents sécurité et l’ONVS renforce le suivi des signalements. 

Le 12 mars 2025, une mobilisation nationale a réuni à Paris et Marseille des centaines de professionnels pour exiger une tolérance zéro. En outre, l’ONI a signé une convention avec la Mission interministérielle pour la protection des femmes contre les violences et la lutte contre la traite des êtres humains (MIPROF) pour renforcer l’accompagnement des victimes de violences sexistes et sexuelles (VSS), notamment via la formation de référents dans chaque département. 

Face à une agression : comment réagir et se reconstruire 

Si vous êtes confrontée à une agression, gardez votre sang-froid et mettez-vous en sécurité. En cas d’urgence, composez le 17 ou le 112. Il est essentiel de déposer plainte, même pour une insulte, et de signaler l’incident à l’ONI via leur formulaire en ligne. Cela contribue à des statistiques utiles et à votre propre protection. 

N’hésitez pas à solliciter une aide psychologique. Des associations d’aide aux victimes peuvent vous accompagner. En cas de danger persistant, vous pouvez aussi interrompre la prise en charge d’un patient : une procédure encadre ce droit et vous protège légalement. 

Prévenir le pire : les gestes qui sauvent votre sécurité 

Quelques gestes simples peuvent limiter les risques :

  • 1️⃣ Prévenez un proche de vos tournées,
  • 2️⃣ Verrouillez votre voiture,
  • 3️⃣ Ne laissez rien de visible,
  • 4️⃣ Gardez votre téléphone près de vous.
  • 5️⃣ Au cabinet, envisagez des dispositifs de sécurité adaptés.
  • 6️⃣ Chez le patient, restez vigilante aux signes de danger, positionnez-vous près d'une issue, et notez les comportements à risque dans votre logiciel

Soigner sans peur : un droit à défendre collectivement 

Soigner sans peur est un droit fondamental. À condition d'être informée, formée, soutenue. C'est l'affaire de toutes et tous : soignantes, institutions, citoyens. Chaque témoignage, chaque plainte, chaque mobilisation compte. 

Votre expérience peut faire bouger les lignes. La Ruche soutient les IDEL pour dire stop aux violences faites aux infirmières. 

Et vous, avez-vous déjà été victime de violence dans votre exercice libéral ? 💬 Votre témoignage peut être précieux. N’hésitez pas à le partager pour faire avancer les choses. 📢  

2 Commentaires
plus récent
plus ancien Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
MALHAIRE
6 jours

Agressée dans le cadre de mon travail. 3 jours d'ITT, et le procureur n'a pas donné suite...malgré agresseur identifié, des témoins... et 3 jours d'ITT ça ne devait pas être grave, alors !?

Editor
Cléo
6 jours
Répondre à  MALHAIRE

Bonjour Laurence,

Nous sommes profondément désolés d’apprendre ce que vous avez vécu. Aucune agression ne devrait jamais être banalisée, surtout lorsqu’elle survient dans l’exercice de votre métier, au service des autres.

Votre témoignage est bouleversant et met en lumière une réalité que trop d’infirmières subissent en silence. Le fait que l'agresseur ait été identifié, que des témoins aient été présents, et que vous ayez eu 3 jours d'ITT aurait dû suffire à enclencher une réponse judiciaire à la hauteur de la gravité des faits. L'absence de suite peut légitimement choquer, et nous comprenons votre sentiment d'injustice.

Sachez que nous vous soutenons pleinement. Il est essentiel que la parole continue de se libérer, et que ces violences soient reconnues, dénoncées et traitées avec le sérieux qu’elles méritent.

Prenez soin de vous.