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Il faut serrer les fesses et les coudes – La chronique de Jean-Pascal infirmier et ambassadeur CBA

tribune des idel jean-pascal

A l’heure ou le paysage de la santé en France est en train de muter, notre vigilance doit être absolue.

L’hôpital souffre depuis longtemps, je ne sais pas comment nos collègues tiennent le coup avec leurs conditions de travail ; la surdité volontaire des décideurs est vraiment criminelle.

A chaque ministre de la santé on pense que la prochaine ne pourra pas être pire… !!!

Erreur

La loi de santé 2022 oblige un remodelage du tissu médical et paramédical en ville.

Le procédé mis en place depuis plus de 10 ans maintenant, qui consiste à suggérer, inciter à une meilleure forme d’exercice au bénéfice du patient, (en incluant les changements sociétaux comme la féminisation du corps médical), est particulièrement habile et fallacieux.

Les nouveaux regroupements CPTS et Maisons de santé vont permettre sans doute un meilleur lien inter-professionnel, mais il va falloir être vigilant… Une nouvelle forme de rémunération est attachée à cet exercice qui n’est plus véritablement lié à l’expertise patient-praticien, mais d’un travail commun pluridisciplinaire sur un projet de soin autour de la santé du patient.

Je ne dis pas que c’est mal, je dis qu’il faut faire gaffe.

Que les exemples délivrés lors des présentations par des utilisateurs chevronnés et bons conférenciers, le sont dans le cadre de phases pilotes en mode « open bar ».

Lorsque petit à petit ces formes d’exercices vont se développer, que les sommes d’argent vont se débloquer afin de subvenir à leurs besoins de fonctionnement, comment cela va-t-il se passer ??

Pourrions-nous vivre un : « y a plus de sous » ? 

Concomitamment, nos deux syndicats représentatifs la FNI et le SNIIL, ont, après plusieurs mois de discussions, fini par se mettre d’accord avec la CNAM sur de nouvelles modalités d’exercice libéral.

L’avenant 6,7 et le BSI avec de nouvelles lettres clés sont issus de ces discussions.

Quoi en penser ?

J’exècre le mode de communication de certains représentants syndicaux qui nous font croire que ce qui a été signé est le moins pire des scénario car si on n’acceptait pas, la CNAM aurait contraint, obligé, « repris la main sur tout » (cf. avenir et santé janv).

Au minimum, on pourrait dire que l’on baisse les bras trop vite et on ne se bat pas assez longtemps, au pire cela ressemble à s’y méprendre à une période sombre, déjà vécue dans les années 90 avec les quotas censés assainir la profession !!

Je ne crache pas sur le travail syndical, je dis que :

  • Changer un système de théorisation de notre travail, qui collait à celui appris dans les IFSI, et qui pouvait permettre de prendre de la hauteur par rapport aux soins au patient, pour une succession de cases à cocher, dont on peut pour chaque item, se demander s’il existe au bénéfice du patient ou des tableurs Excel de la sécu, pour finalement s’en remettre à un algorithme qui délivre une lettre, avec l’impression frustrante de ne rien maîtriser ?
  • Accéder finalement aux premières semonces de la CNAM sur le sujet des déplacements en étoile, avec un plafond de facturation ?

Alors, au prix du déplacement (2.5) on aurait peut-être accepté cette négociation plus facilement , si comme le disait le directeur délégué de la CPAM de BORDEAUX lors d’une réunion le 23/01 : « je ne comprends pas pourquoi il y a une différenciation de valeur du trajet pour les différents corps de métiers en libéral ».

Et qu’il y ait une uniformisation des IFD pour tous les professionnels de santé.

  Temps de déplacement médecin= temps de déplacement IDEL

  •  Et enfin, alors que notre NGAP, était la plus complexe de toutes les nomenclatures existantes…. (Au monde ??), sujette à des interprétations permanentes, à des passages en commissions de pénalités nombreuses, à l’encombrement des tribunaux, induisant une pression psychologique délétère majeure au sein de la profession…ils ont réussi à faire mieux … !!!

Une usine à gaz digne de casses têtes chinois, impliquant des lectures contradictoires et des interprétations différentes, d’une part de la CNAM et des syndicats… (négociations encore en cours après signature !!), et entre instituts de formations avec des versions différentes ?!?!

Je ne parle pas de l’obligation de certains cabinets qui vont devoir se rétrocéder, après de savants calculs, des honoraires (jusqu’à présent interdit) pour la PEC des BSI !

Savez vous que nous avons le droit aujourd’hui, de salarier un collègue ?

Je n’en conclue rien, j’essaye juste d’ouvrir les yeux !!!

Tel un joueur d’échec patient, et qui a une vision du jeu avec plusieurs coups d’avance, les organismes de tutelles mettent en place, doucement, avec parfois notre propre aide, un système de soin qui, si je me projette un peu, ne ressemble pas du tout à ce que j’espère pour mes enfants.

Il sera comptable.

Lors de la réunion dont j’ai parlé plus haut, le Dr DOMANGE Conseil de la CPAM de BORDEAUX, au coté de Mr PASCAUD le directeur, a dit alors qu’on parlait de la forfaitisation du BSI, : « que de toute manière, les futures méthodes de compter les soins, seront des forfaits aux patients que se partageront les professionnels de santé ! ».

Il y a du boulot… !!!

En dehors de notre vigilance, celle d’être à l’écoute de notre métier et de ses liens avec le système de santé en place, être acteur de notre avenir c’est faire des choix.

Soit d’adhérer aux idées d’un syndicat représentatif, soit adhérer à celui qui le deviendra grâce à vos voix !

C’est de voter aux différentes échéances qui jalonnent notre profession.

Augmenter les taux de participation, c’est donner de la visibilité et de la crédibilité à nos représentants afin que lors des négociations, ceux-ci ne se retrouvent pas en face de personnes aux sourires entendus, conscients d’être dépositaires d’une vérité qui ne sera pas contredite.

Ne nous laissons pas endormir, comme Mowgli dans le livre de la jungle, par le serpent Kaa.

On se bouge maintenant !

La chronique de Jean-Pascal

La chronique de Jean-Pascal

Jean-Pascal est infirmier libéral et ambassadeur CBA. Il lui tient à cœur de partager son expertise et ses connaissances avec la communauté. Il nous propose régulièrement sur La Ruche sa chronique piquante et décalée.

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