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S’installer comme IDEL à la Montagne, Marine témoigne

idel montagne milieu rural

Marine est originaire des Charentes, mais elle est arrivée dans les montagnes de Savoie il y a moins de 10 ans. IDEL depuis 5 ans, elle nous parle de l’ambiance de son cabinet et de ses tournées de soins en altitude.

Cette interview est retranscrite de l’émission Live Instagram « Happy IDEL » du mercredi 17 juin 2020 diffusée sur le compte Entre Infirmière Libérales.

IDEL à la montagne ça donne quoi ?

La montagne ça vous gagne ?

J’aime la montagne. Je travaille à côté d’Annecy dans un village en zone montagneuse où la circulation alterne avec l’été les touristes, et l’hiver, les touristes ET la neige. 😊 Des fois, cette circulation dense c’est embêtant, mais 2 secondes après, j’observe les paysages et je change d’avis direct, c’est chouette !

Est-ce que les soins varient à la montagne ?

Dans mon village, nous avons une petite station de ski donc on n’est pas énormément impactés par les sports d’hiver. Mais mes collègues sur La Clusaz sont bien plus touchés (c’est une grande station). Les gens qui viennent en vacances peuvent y contacter des IDEL.

Une anecdote qui t’est arrivée et qui ne pourrait t’arriver qu’à la montagne ?

Une fois, je montais au sommet d’un village pour faire une piqûre à un patient. En face de moi, dans la montée, je vois une voiture avec les quatre portes ouvertes. J’étais en Twingo, et si je m’arrêtais, je savais que je ne repartirais pas. Donc j’ai klaxonné comme une dingue et j’ai pu passer in extrémis, car les gens ont fermé les portes. Et bien sûr, le clou du spectacle : 3 min plus tard, ils me voyaient redescendre dans l’autre sens… Ils ont dû croire que je m’amusais à monter pour le plaisir, mais ce n’était bien sûr pas le cas. 😉

Tu as quoi comme type de voiture aujourd’hui ?

C’est le sujet du jour, car je vais bientôt changer ! J’ai un SUV avec quatre roues motrices et c’est important comme critère pour moi. Mes collègues ont des Clio et ça passe. Le véhicule doit me plaire, car c’est quasiment mon bureau. J’y passe beaucoup de temps, il faut bien s’équiper. Pneus neige et chaîne : obligatoires. En générale, j’utile 1 jeu de pneu pour 2 hivers et 1 jeu de pneu été par année, car la gomme s’use assez vite, il faut y porter attention. J’ai aussi une pelle, des raquettes et quand on sent qu’on ne montera pas plus loin, on fait le reste à pied et c’est aussi agréable. 😊 Après, entre location et achat, c’est très dur de choisir car lorsqu’on achète cela impacte notre chiffre d’affaires, et si on loue, on change régulièrement, mais cela ne nous appartient pas… Bref, il faut discuter avec sa compta, son banquier, son entourage qui s’y connait…

Comment calcule-tu tes kilomètres en tournée ?

Selon moi, la meilleure méthode c’est de démarrer le compteur le matin à zéro et de relever les kilomètres parcourus le soir. Après, il y a aussi la méthode des frais réels (assurances, entretien, essence,…). Chaque année ma comptable me dit si c’est plus intéressant de passer en IK ou en frais réels.

Est-ce que le plafonnement des Indemnités Kilomètres début avril t’a impacté ?

Non, je fais entre 100 et 150 km et on se partage les tournées avec mes collègues. Par contre, si je vais chez un patient trois fois par jour qui se trouve à 25km aller-retour montagne, alors ça chiffre vite. Du coup, pour certains collègues qui roulent beaucoup en milieu rural, c’est dommage cette histoire de plafond d’IK

Pourquoi avoir décidé de t’installer en libéral ?

J’ai encore du mal à répondre. J’ai fait les urgences avant, l’action l’adrénaline, le fait qu’il y a pas de routine et en même temps j’ai une famille et cet équilibre était compliqué à maintenir surtout avec les 12h de travail plus 40 minutes de route pour rentrer. Une nuit, je me suis endormie au volant, j’ai eu alors envie de ralentir. Et puis il y avait le libéral, on est libre, on fait ce qu’on veut ! J’avais juste peur de la routine, car on suit des patients longtemps. Au final, c’est loin d’être la routine et j’aime le libéral, moins l’insécurité par rapport à l’hôpital, mais j’aime ça.

Pourquoi ne travailles-tu pas en Suisse à côté ?

J’aurais pu travailler en Suisse, mes meilleurs amis y travaillent. Oui, en Suisse un 80% correspond à un 100% français et oui, c’est sûr que les infirmières de l’hôpital de Genève gagnent mieux leur vie que les IDEL côté français. Quand j’ai quitté l’hôpital, j’étais à 1800€, en libéral je gagne beaucoup plus mais sans compter mes heures. Je suis entre 2000 et 2500€ par mois.

L’organisation dans le cabinet

Quel conseil as-tu à donner à ceux qui veulent s’installer comme IDEL à la montagne ?

L’important, c’est de voir si d’autres infirmiers se trouvent dans le secteur et si d’autres IDEL cherchent à s’installer comme vous. En zone surdotée, il vaut mieux éviter, car la concurrence génère une certaine agressivité ; alors que si on bouge de un ou deux villages… on est tranquille.

Il y a de nombreuses possibilités à la montagne. Annecy est en zone surdotée et avec peu de montagne, mais en Savoie il y a des zones de pure montagne et il y a moyen de trouver de supers collègues !

Je conseille aussi de communiquer entre cabinets. A mon arrivée en libéral, personne ne parlait, tout était secret, alors qu’on peut tous y trouver du bon en communiquant. Même intra cabinet, on ne tombe pas toujours d’accord mais la clé c’est la communication.

Et sinon, côté montagne, il faut aimer conduire et ne pas avoir peur des animaux sauvages. 🙂

Tu es aussi ambassadrice CBA ? Tu souhaitais rencontrer d’autres infirmiers, tisser du lien ?

A l’hôpital, on est soudé, très proches, on s’entraide. En libéral, j’ai des collègues géniales, mais dans la voiture, on est seules. On est dans ce noyau de 5 collègues et on ne voit pas le reste. Être ambassadrice m’a permis de rencontrer des IDEL des DOM et de France. On peut parler librement de nos soins, de nos difficultés, etc. Et puis, je fais aussi confiance à mon éditeur de logiciel chez qui on se réunit avec tous les ambassadeurs pour travailler sur des axes d’amélioration plusieurs fois par an.  

Comment tu gères tes facturations ?

Dans notre cabinet, la facturation c’est toute une organisation. On se la répartie dans le logiciel, car on a toutes le même. A la fin du mois, on fait la partie papier pour les SCIAD et les HAD, et depuis quelques temps, on s’est mis à la mutuelle et quand les soins s’arrêtent on les facture au fur et à mesure. Avant, j’avais Agathe Connect et j’avoue avoir eu du mal à changer et faire changer mes collègues au démarrage et aujourd’hui elles sont toutes sur leur téléphone à facturer plus vite avec Agathe Emotion ! Depuis qu’on a un super logiciel, je clique et c’est facturé ! Ça marche bien.

J’ai la chance d’évoluer dans une équipe où mes collègues ont créé le cabinet infirmier il y a 20 ans. Ce sont mes mamans d’apprentissage, elles connaissent le libéral et elles sont là pour moi. C’est l’équilibre de l’équipe avec des jeunes et moins jeunes qui fait notre harmonie. Et j’aime apporter mon côté geek en informatique pour leur donner un coup de main (autour d’une tasse de thé bien sûr) 🙂

Toute l’équipe de La Ruche tient à remercier Marine pour son témoignage. Retrouvez l’intégralité de cette émission Happy IDEL, et découvrez nos prochains épisodes en suivant notre compte Instagram Entre Infirmières Libérales.

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