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Témoignage : comment combiner grossesse et activité libérale en tant qu’infirmière ?

Témoignage : comment combiner grossesse et activité libérale en tant qu'infirmière ?

La grossesse est une période à la fois merveilleuse et complexe, qui apporte son lot de défis pour toutes les futures mamans. Mais lorsque l’on est infirmière libérale, ces défis prennent une dimension particulière. 👉  Entre les exigences physiques du métier, l’organisation des tournées, la gestion des patients et les impératifs administratifs, concilier grossesse et activité libérale relève parfois de l’exploit. Pourtant, nombreuses sont les infirmières qui parviennent à trouver un équilibre, alliant leur engagement professionnel à la préparation de leur nouvelle vie de maman.

Sommaire

Combiner grossesse et libéral : le témoignage de Marine, IDEL depuis 2015

🎙️ À travers son témoignage, découvrez comment Marine, infirmière libérale depuis 2015, a réussi à naviguer dans cette période charnière de sa vie, tout en continuant d’exercer son métier avec passion et dévouement. Entre son quotidien en tournée, les défis rencontrés, le retour au travail après l’accouchement et l’allaitement en pleine tournée, Marine nous livre son expérience et ses conseils.

Pour commencer, peux-tu nous parler un peu de ton parcours en tant qu'infirmière libérale ?

« Mon parcours est relativement simple. Cela fait maintenant neuf ans que je travaille en tant qu’infirmière libérale. Lorsque j’ai débuté en libéral, mon fils venait d’avoir un an.

J’ai intégré un cabinet composé de quatre infirmières à l’époque. Au sein de ce cabinet, il y avait deux associées titulaires, une collaboratrice et une remplaçante.

J’ai d’abord occupé le poste de collaboratrice associée, puis progressivement, j’ai évolué et je suis devenue associée avec mes collègues. Aujourd’hui, nous sommes six infirmières au total, avec quatre associées et deux collaboratrices.

Concernant ma grossesse, j’ai été enceinte en 2022-2023. »

As-tu adapté tes tournées au fur et à mesure de l'évolution de ta grossesse ? Si oui, comment ?

« Alors, je n’ai pas eu réellement besoin d’adapter mes tournées, dans la mesure où, comme je l’ai mentionné, nous sommes six dans l’équipe. Dès que j’ai appris ma grossesse, j’en ai rapidement informé mes collègues. Pour moi, c’était une évidence, car nous formons une véritable équipe, et je savais que, quelle que soit l’évolution de la situation, cela pourrait les impacter, tant sur le plan émotionnel que personnel.

J’ai donc partagé l’information dès le début et j’ai continué à travailler normalement. Cependant, au fil du temps, j’ai eu des soucis de tension qui sont apparus. J’ai alors dû réduire mes heures le week-end, et mes collègues ont pris en charge une partie de mes tâches. Elles m’ont également affectée à des tournées plus légères, évitant celles qui étaient plus éprouvantes.

Cela dit, il n’a pas été possible d’adapter mon rythme ou mes horaires de manière significative, car c’est quelque chose de difficilement réalisable dans notre cabinet. »

As-tu réduit ta charge de travail ou délégué certaines tâches ? Si oui, comment as-tu géré cela ?

« Comme je l’ai mentionné précédemment, notre cabinet fonctionne de manière très routinière. Nous avons deux tournées le matin, et une fois celles-ci terminées, l’une d’entre nous s’occupe de la gestion administrative, tandis qu’une autre prend en charge l’organisation des médicaments, la préparation de la tournée du lendemain, ainsi que le suivi avec les pharmacies, notamment pour aider ceux qui ne peuvent pas s’y rendre. Toutes ces tâches, bien qu’invisibles, sont essentielles. Par conséquent, je n’ai pas vraiment pu déléguer ou réduire ma charge de travail. J’ai peut-être fait un peu plus de tâches administratives, mais cela n’était pas particulièrement notable. »

As-tu rencontré des difficultés physiques et des défis particuliers liés aux soins à domicile, comme le déplacement ou le port de matériel ?

« À mes débuts en libéral, je transportais un sac infirmier très volumineux avec tout le matériel nécessaire. Mais au fil du temps, j’ai appris à alléger ce sac. Aujourd’hui, le mien est assez petit. Depuis le Covid, il m’arrive souvent de me rendre chez certains patients avec seulement mes clés, mon téléphone, et un petit sac, qui ne contient pas grand-chose. Physiquement, cela n’a donc pas été un problème pour moi. Ce qui peut être un peu plus éprouvant, c’est de monter quatre ou cinq étages ou de mettre des bas de contention lorsque mon ventre commence à prendre de la place. Mais dans l’ensemble, je n’ai pas rencontré de grandes difficultés physiques.

Ce qui est le plus difficile, c’est lorsque la journée de travail s’étend sur 12 à 14 heures, sans possibilité de s’asseoir ou de s’allonger. Là, ça commence vraiment à peser. »

Comment as-tu géré les éventuels risques de contamination ou d'exposition à des pathogènes durant ta grossesse ?

« En réalité, pas vraiment plus que d’habitude. Au quotidien, je continue à suivre les mêmes mesures : lavage des mains, changement de vêtements chaque jour et port du masque en présence de personnes malades. Depuis le Covid, nous sommes encore plus vigilants, et au moindre signe de rhume, nous mettons un masque. Je ne suis pas de nature particulièrement anxieuse, et je n’ai pas de problème particulier, notamment parce que j’ai déjà eu la varicelle, donc je ne suis pas à risque de la contracter à nouveau. Finalement, il n’y a pas de difficultés particulières, pas plus que lorsque je travaillais à l’hôpital. »

Quels conseils donnerais-tu aux autres infirmières libérales qui envisagent une grossesse ou qui sont déjà enceintes ?

« Je dirais qu’il est essentiel de se concentrer d’abord sur soi-même et sur son bébé, car une grossesse est une expérience unique qui ne se répète pas souvent dans une vie. Cela peut arriver une, deux, trois fois, ou plus pour certaines, et c’est un moment précieux. Pour moi, c’était ma deuxième et dernière grossesse, du moins volontairement, alors j’ai vraiment pris conscience de l’importance de se préserver et d’en profiter pleinement.

Être infirmière libérale implique une gestion à la fois administrative et financière, où il faut constamment penser à l’organisation du cabinet, notamment en ce qui concerne les remplaçantes. Il est crucial de trouver un équilibre, car la culpabilité de ne pas travailler et de laisser la charge à ses collègues, ou la difficulté de trouver une remplaçante compétente, peut peser lourdement. Cette gestion administrative, ajoutée à la pression financière due aux charges qui continuent de tomber même quand les revenus sont interrompus, crée un stress supplémentaire.

Il est donc important d’anticiper ces situations, par exemple en prévoyant une trésorerie de 2 à 3 mois. Pour ma part, j’ai rencontré des difficultés lorsque j’ai dû m’arrêter avant mon congé maternité. Toutes les démarches administratives liées à la Sécurité sociale, à la prévoyance, et au CARPIMKO ont ajouté une pression supplémentaire.

L’essentiel est de vivre pleinement sa grossesse tout en gérant ces aspects administratifs sans les laisser prendre le dessus. Il ne s’agit pas de les ignorer, mais de ne pas les laisser occulter ce moment précieux, car au final, ces neuf mois passent très vite. »

Comment as-tu organisé ton congé maternité tout en étant infirmière libérale pour assurer la continuité des soins ?

« Dès que j’ai appris que j’étais enceinte, après plus de deux ans et demi de désir de grossesse, j’ai immédiatement entrepris des démarches pour trouver une remplaçante. Je savais que je ne pouvais pas cacher ma grossesse, et j’ai eu la chance de tomber sur la personne idéale au bon moment et au bon endroit. Après quelques démarches et une certaine pression liée à l’incertitude de sa disponibilité, elle a finalement été là pour assurer l’ensemble de mon arrêt maladie et de mon congé maternité.

Il est essentiel d’anticiper non seulement le moment de la reprise du travail, en accord avec ses collègues, mais aussi pour soi-même. Pendant la grossesse, on peut être tentée de se dire qu’on reprendra rapidement, par culpabilité ou pour rassurer ses collègues. Cependant, il est crucial de réfléchir à cela sérieusement. Par exemple, après un accouchement par voie basse, on peut bénéficier de quinze jours supplémentaires d’arrêt (congé pathologique) pour éviter de porter des charges lourdes et pour finaliser la rééducation périnéale. Reprendre le travail prématurément, sans avoir totalement récupéré, peut être dangereux pour la santé, un aspect qu’il ne faut pas négliger.

Il faut aussi penser à l’organisation du mode de garde pour le bébé, et à être prête mentalement à confier son enfant tout en étant performante au travail. Ce n’est pas toujours simple, et ces aspects doivent être anticipés. Il est important de planifier non seulement l’après-maternité, mais aussi de ne pas pousser son corps à bout avant le congé maternité. Si le corps envoie des signaux d’alerte, il est essentiel de les écouter. Une grossesse peut s’arrêter plus tôt que prévu, et forcer peut devenir dangereux plutôt que bénéfique.

Ainsi, si vous avez trouvé une bonne remplaçante et que votre équilibre est stabilisé, écoutez votre corps et acceptez l’arrêt de travail si votre médecin le recommande. Ce n’est pas toujours facile pour une infirmière libérale d’accepter un arrêt, mais parfois, c’est nécessaire. Pour ma part, dès le quatrième ou cinquième mois de grossesse, j’ai commencé à avoir des problèmes de tension, et les médecins étaient inquiets. À plus de 30 ans, il est important de savoir ralentir et de prendre soin de soi.

En résumé, organisez-vous bien, trouvez une remplaçante fiable, communiquez avec vos collègues, et planifiez soigneusement votre congé maternité et la reprise du travail. On ne sait jamais comment on va être après un accouchement, donc c’est vraiment important de bien de réfléchir. »

Comment s'est passé ton retour en tournée après l'accouchement ?

« J’ai accouché le 15 avril et j’étais censée reprendre le travail à la mi-juillet. J’ai prolongé mon congé avec les 15 jours supplémentaires du congé pathologique, car j’avais accouché par voie basse. Finalement, j’ai repris début août, comme si de rien n’était. J’ai travaillé pendant les deux premières semaines d’août, puis j’ai pris quinze jours de congés avec mon conjoint, de la mi-août à la fin du mois. Ensuite, j’ai repris mon travail normalement à partir de septembre.

Cependant, j’ai rencontré quelques difficultés avec la garde de mon enfant, car ma nounou s’était blessée et n’a pas pu commencer immédiatement. Heureusement, les 15 jours de repos supplémentaires que je m’étais accordée m’ont bien aidée dans cette situation. Le retour au travail après l’accouchement s’est fait de manière assez fluide, presque comme si je n’avais pas été absente. Cela m’a d’ailleurs confirmé l’importance de profiter pleinement de la grossesse. La seule adaptation que j’ai dû faire concernait l’allaitement, car je tirais mon lait au travail. »

As-tu rencontré des difficultés particulières ?

« Non, je n’ai pas rencontré de difficultés particulières, car j’avais pris soin de bien préparer les choses en amont. J’ai beaucoup misé sur la communication avec mes collègues, en étant très transparente dès le début sur la façon dont les choses allaient se dérouler. J’ai maintenu le contact pendant mon arrêt et mon congé maternité, ce qui m’a permis de rester sereine. C’était ma deuxième grossesse, donc j’avais déjà une idée de ce à quoi m’attendre.

Ce qui a été le plus compliqué pour moi, c’est la gestion administrative, notamment les démarches avec la CPAM, la CARPIMKO, et ma prévoyance. Comme j’ai dû m’arrêter avant le congé maternité, il y a eu beaucoup de relances à faire pour être payée correctement. Il fallait sans cesse fournir des documents d’une entité à l’autre, ce qui créait une pression financière supplémentaire. Avec environ trois mille euros de charges mensuelles, j’ai pu tenir les deux premiers mois, mais j’ai dû demander l’aide de mes proches pour faire face au troisième mois. »

As-tu modifié ta manière de travailler après la naissance ? Si oui, comment ?

« Alors, oui et non… Dans mon approche avec mes patients et dans ma rigueur au travail, rien n’a changé. Cependant, j’ai dû intégrer un rôle supplémentaire : celui de maman allaitante. Ma fille a aujourd’hui 16 mois et je l’allaite encore exclusivement, elle ne prend pas le biberon et tète à la demande. Quand elle était plus petite, c’était particulièrement intense, car elle tétait toutes les deux à trois heures, ce qui m’obligeait à tirer mon lait régulièrement.

Je le faisais souvent en voiture avec un tire-lait mains libres, en conservant le lait dans une petite glacière avec des pains de glace. Au cabinet, je stockais le lait au réfrigérateur et profitais des moments où je préparais mes dossiers ou organisais mes tournées pour tirer mon lait au bureau. Cette organisation supplémentaire était un véritable défi et représentait pour moi un travail à part entière. Il fallait aussi que je veille à avoir un apport énergétique suffisant pour gérer à la fois mes tournées et l’allaitement. »

Si tu devais résumer ta grossesse et la maternité en libéral, que dirais-tu ?

« Pour résumer, la grossesse et la maternité en tant qu’infirmière libérale se concentrent principalement sur quelques défis clés. La plus grande difficulté, selon moi, est de trouver une remplaçante fiable. Ensuite, il est crucial d’être transparente avec ses collègues, mais aussi de s’assurer qu’ils le soient en retour. Il faut réussir à gérer la culpabilité de ne pas travailler, qui peut peser lourdement, surtout lorsqu’on sait que cela peut mettre les autres en difficulté. Pourtant, il est essentiel de se rappeler qu’il est vital de prendre soin de soi et de son futur bébé.

La gestion administrative et financière est également un aspect complexe. Comprendre comment et quand on sera payé est souvent un casse-tête. Il existe un groupe Facebook dédié aux infirmières libérales enceintes qui m’a beaucoup aidée, car ces démarches peuvent vraiment être éprouvantes.

Par exemple, la CARPIMKO peut donner l’impression que vous êtes exonérée de certaines charges après un certain nombre de jours d’arrêt maladie, mais en réalité, cette exonération n’est que temporaire et les charges reviennent ensuite plus élevées. De plus, la CPAM n’est pas toujours très réactive et des erreurs peuvent survenir, ce qui ajoute un stress supplémentaire.

Il y a aussi des subtilités à connaître, comme le congé pathologique, qui permet de prendre 15 jours avant et après le congé maternité en cas d’accouchement par voie basse. Ces détails, bien que peu connus, sont très importants pour les infirmières libérales et peuvent faire une grande différence. »

💜 Mille mercis à Marine pour ce témoignage complet sur la grossesse en tant qu’infirmière libérale ! 📢 Vous avez des questions à lui poser en direct sur la grossesse et le congé maternité ?  Restez connectée, nous allons organiser prochainement un webinar pour répondre à toutes vos interrogations sur le sujet !

💡 En attendant, pour en savoir plus sur le congé maternité en tant qu’infirmière libérale, découvrez notre article : 🔎 Le congé maternité infirmière libérale : déclaration, aides et continuité des soins

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