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S’installer comme IDEL en remplacement en région parisienne

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Elsa est infirmière libérale remplaçante. D’abord à Paris intramuros, elle a ensuite opté pour la banlieue pour évoluer. Aujourd’hui au sein de deux cabinets infirmiers, elle partage ses conseils, son quotidien et répond à toutes les questions que l’on peut se poser sur le remplacement en libéral. Merci à elle. 🙂

Cette interview est retranscrite de l’émission Live Instagram « Happy IDEL » du mercredi 29 septembre 2020 diffusée sur le compte Entre Infirmière Libérales.

L’installation en libéral en tant qu’infirmière remplaçante à Paris

Bonjour Elsa, peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Elsa, je vis dans le Val-De-Marne et j’ai 26 ans. Je suis IDEL depuis le 1er janvier 2019, cela fait 2 ans bientôt. Je suis diplômée de l’IFSI depuis 2016 et j’ai commencé à travailler en milieu hospitalier en réanimation pédiatrique. Pourquoi la région Île-de-France ? Pour débuter ma carrière et rejoindre mon conjoint dans une région où il y a beaucoup d’opportunités et donc un lieu idéal pour débuter ma carrière. Après trois ans, j’ai décidé de quitter l’hôpital pour le libéral.

Comment ça s’est fait le libéral ?

Ma mère était IDEL depuis 30 ans et je savais que par la suite ce serait mon projet, mais je n’y pensais pas aussi vite. Mes expériences hospitalières ne se sont pas bien passées. Manque d’effectifs, surcharge de travail, fermetures de lits… Lorsque c’est ponctuel, on peut le gérer, mais quand c’est régulier voir continu, physiquement et moralement on lâche. J’étais épuisée et donc j’ai pensé à partir. Le libéral était là.

C’est toi qui as choisi le remplacement en libéral ou c’est le remplacement qui t’a choisi ?

En m’installant, je découvrais totalement le libéral. Je ne voulais donc pas commencer tout de suite avec toutes les responsabilités comme la création de patientèle, etc.  Je voulais découvrir la base du métier : le soin. Les avantages du remplacement en libéral, c’est d’avoir : un pied dedans sans avoir les responsabilités d’une collaboratrice ou d’un titulaire. On exerce le métier de soignant que l’on connait au départ.

Je me trouve bien en tant que remplaçante, je participe à la vie de mes deux cabinets, mais pour autant, je découvre la pratique, les tournées, l’organisation et là, je vais bientôt m’intéresser à la facturation, c’est petit à petit : à mon rythme. 🙂

En Île-de-France, il y a beaucoup d’offres de remplacement. C’est une zone surdotée et beaucoup d’infirmiers libéraux s’y installent en cabinet. En revanche, il y a moins de remplaçants, c’est pourquoi j’ai trouvé assez rapidement.

Comment as-tu décroché tes deux remplacements en libéral ?

J’avais des collègues qui allaient s’installer en libéral qui m’ont parlé de sites d’offres de remplacement. Si votre candidature plaît, généralement on vous appelle pour vous rencontrer. C’est la démarche 2.0, mais il y aussi la méthode papier, classique ou tu prends la liste des cabinets de ta ville et tu leur envoie lettre de motivation et CV. Ou alors, au culot, tu appelles ! Ça j’ai fait aussi. Ça dépend des régions, mais il faut bien se renseigner. En Ile-de-France il y a du travail en tout cas.  

Quels sont selon toi les avantages du libéral par rapport à hôpital ?

Il y a la liberté d’organiser ta vie personnelle comme tu l’entends par rapport à l’hôpital. En remplacement on pourra te demander d’être disponible pendant les vacances et jours de repos des titulaires, mais tu es prévenu à l’avance.

Je travaille dans deux cabinets assez souples et si j’ai un rendez-vous qui tombe sur un de mes jours travaillés, on s’accorde. Il y a de la compréhension. Une collègue me remplace et je la remplacerai à un autre moment qui l’arrange. C’est vrai qu’à l’hôpital ce n’est pas comme cela.

Un de mes cabinet essaye de favoriser la vie de famille avec des horaires de journée assez fixes. On a des soins plus chroniques, c’est une routine réglée. Dans l’autre cabinet, on réalise des soins techniques et la tournée de soins est plus étalée donc on regarde moins nos horaires. Je l’ai choisi ainsi et c’est aussi ce que j’apprécie : pouvoir choisir le nombre de jours que je veux travailler. Financièrement, c’est intéressant. On peut travailler plus et gagner plus mais on travaille pour l’avoir, ça c’est sûr !

Enfin, côté esprit d’équipe, comme je le disais, on ne perd pas cet aspect de l’hôpital en libéral. On est solidaires dans les cabinets infirmiers où je suis.   

Et la première tournée de soins, alors ?

Je devais commencer un 2 janvier, mais mon collègue m’appelle et me demande de commencer le 1er. J’ai dit OK, pourquoi pas. Il m’a donc envoyé la liste de la tournée avec toutes les informations nécessaires. Je me revois regarder la liste et être Wouahou, quand-même ! Je m’étonne d’autant de patients à voir. Et finalement, tout s’est bien déroulé, j’avais tous les détails, les astuces, les adresses pour s’en sortir, certains matériels de soin étaient prêts quand j’arrivais chez les patients, le collègue était précautionneux et attentionné pour m’aider dans mes débuts. Il avait tout intérêt à ce que cela se passe bien pour tout le monde et pour moi. Et puis les patients ont aussi été prévenus. Ils savaient que c’était ma première journée et ils étaient compréhensifs sur mon retard. Au bout d’un certain temps, on commence en tant qu’infirmier remplaçant à prendre ses marques et ça se passe tout seul. 😊

Elsa est aussi active sur Instagram sous le compte elsa.ide

IDEL remplaçante à Paris et en banlieue : les différences

Tu as connu le remplacement à Paris. Tu étais dans quels arrondissements ?

J’ai travaillé dans le 3ème et le 4ème arrondissement donc le Marais et Chatelet, autour des Halles comme la Rue Montorgueil, par exemple. Je travaillais sur Paris car je pensais que ce serait plus facile d’y trouver des offres de remplacement, mais finalement on trouve des offres partout et même en banlieue. J’ai quitté Paris au bout de 4 -5 mois et je travaille depuis à côté de ma ville et auprès d’un cabinet dont la tournée est un plus étalée. Ça fait plus de route, mais ça reste agréable.

Comme je n’avais pas encore ma voiture, Paris c’était la solution de secours pour tourner à pied ou en trottinette. Le libéral en banlieue ressemble à celui de la province et souvent la voiture est demandée car les distances entre chaque patient peuvent être plus longues qu’à Paris où c’est plus restreint.

Donc le changement Paris-banlieue, cela a été un grand changement pour toi IDEL remplaçante ?

La voiture, c’est une charge, mais c’est aussi du repos en plus. A Paris, en trottinette, je n’avais pas de cadenas, il fallait la porter avec mon sac à dos, avec moi, chez le patient dans les immeubles sans ascenseurs. C’est très sportif et fatiguant. En voiture, c’est donc plus reposant physiquement, mais la conduite est sport ! C’est plus dynamique et plus agressif donc la fin de journée est attendue surtout quand il y a des bouchons. La voiture a aussi l’avantage de me permettre de prendre plus de matériel de soins en tournée, notamment car je fais plus de soins techniques et cela m’évite de devoir attendre l’arrivée d’un prestataire de santé avec le matériel. Je peux enchainer sans attendre.  

Ascenseur en panne infirmière libérale

Gérer l’organisation entre deux cabinets infirmiers

Tu as réussi à t’y faire de tous ces changements ?

Cela fait 1 an et demi que j’ai migré en banlieue. Je travaille dans un cabinet plus technique avec des soins plus ponctuels où les patients changent souvent. Il faut se renouveler et revoir les bases, c’est stimulant. L’autre cabinet effectue des soins plus chroniques. Les patients nous connaissent, on s’attache c’est plus routinier, mais les deux rythmes se stimulent.

Se mettre dans un nouveau cabinet bien sûr c’est difficile au départ, mais on reprend ses marques. Le remplacement permet aussi de voir plus de choses dans différents secteurs et différents soins. Il faut donc bien lire les offres d’emploi, car on y voit tout de suite les enjeux et ce qui sera notre quotidien. On voit dans quoi on s’engage et on a le choix.

Il y a d’ailleurs beaucoup d’offres en banlieue. La région Ile-de-France connait beaucoup d’hôpitaux et de cliniques et il y a pas mal de cabinets infirmiers avec l’accroissement de population.

Comment gères-tu l’organisation avec les deux cabinets ?

Dans un cabinet infirmier, les horaires et les jours sont fixes. Nous avons beaucoup de patients chroniques donc je commence à 7 ou 8h00 et finis vers 12h00. Le soir je fais du 16h00 -19h00.

L’autre cabinet, c’est technique. On prend plus de temps chez les patients qui sont distants les uns des autres. On est plus sur du 6h00-12h00 et 16h00-21h00. Il a pu m’arriver de ne pas avoir le temps de prendre la pause du midi.

Un temps plein en région parisienne, c’est en générale 15 jours de travail. Je fais 8 jours dans le mois, pas forcément des jours fixes (le contrat ne le demande pas) pour un cabinet et tous les mercredis dans l’autre. Je case des weekends et l’alternance fait que je ne m’y perds pas.

Il est possible sur des petites tournées de faire 3, 4, voire 5 cabinets comme cela. La question est de voir combien de jours et d’heures on souhaite faire. La seule règle est de ne pas remplacer plus de 2 IDEL en même temps sur une même tournée donc.

Quels soins techniques réalises-tu et comment appréhendes-tu ces soins ?

Je suis amenée à réaliser des soins sur PAC, PICC Line et KTC. J’attends de faire une formation en dialyse péritonéale. Je fais des soins comme à l’hôpital. Si je ne connais pas un soin, (les chambres implantables je ne l’avais pas pratiqué), j’en informe ma titulaire qui est plutôt ravie que je l’en informe. Je ne me mets pas en insécurité et elle est plutôt contente de m’apprendre et de m’accompagner les premiers jours. On a le droit de ne pas maitriser tous les soins, il faut simplement le dire. Et une fois que l’on est prêt, on est lancé.

Les aspects pratiques du remplacement en libéral

As-tu un comptable en tant que remplaçante ? Est-ce nécessaire ?

Oui, j’en ai un. Cela dépend. Si ton chiffre d’affaire est en dessous de 70 000 € par an, tu es en micro BNC, donc tu n’as pas besoin de comptable, car tu as un abattement de charges et d’impôts d’office. Tu as juste à te déclarer en ligne. En revanche au-dessus de 70 000€, tu passes dans une autre catégorie et tu dois déclarer tes charges etc. en détail. Là je pense que ça vaut le coût de faire appel à un comptable.

Passer par un pro, c’est un gain de temps et on sait que l’on ne passe à côté de rien. Il connait les astuces, il sait ce qu’il faut faire : quoi déclarer et comment, donc on ne loupe rien et tout est contrôlé. Avec l’association de gestion agréé (AGA) qui contrôle la déclaration fiscale en plus, on est dans les clous et c’est carré. Chacun son métier, c’est un réel gain de temps, on optimise ce qui est gagné et en plus un peut le défiscaliser. Il y a déjà assez de bureautique et d’administratif chaque jour dans le métier d’IDEL ! 😉

Envisages-tu des formations prochainement ?

Pour pouvoir approfondir dans la facturation, j’attends ma formation Nomenclature depuis juin, mais elle ne s’est pas faite avec le Covid. C’est souvent la titulaire qui facture quand on est remplaçante au départ, mais pour autant, on doit surveiller nos bordereaux. Il faut quand même avoir des bases. C’est notre rémunération. S’il y a un contrôle, on doit vérifier, car on peut nous demander de rendre du trop-perçu aussi !

Est-ce que tu as un contrat de prévoyance en tant qu’IDEL remplaçante?

Peu importe votre statut, il faut une prévoyance. Quand on est malade à l’hôpital, on est en arrêt et l’hôpital continue à nous verser un salaire. En libéral, on n’a rien qui tombe avant le 91ème jour avec la CARPIMKO. La seule façon d’avoir un versement quand on ne travaille pas, c’est la prévoyance. On choisit sa période de carence et on cotise en fonction. J’ai demandé une carence de 15 jours, donc au bout du 16ème jour, je suis payée par ma prévoyance et au 91ème jour si je suis toujours en arrêt, la CARPIMKO prend le relais. Il en faut donc une absolument !

Cotisations sociales : tu as tout compris dès le départ toute seule ?

J’ai ma maman qui m’a fait un court ! J’ai tout noté : URSAFF, CARPIMKO etc. ça sert à ça ! Elle m’a aussi montré les volumes de chiffre correspondant à quelles tranches, le fonctionnement du paiement… j’ai été bien formée avant de commencer. 😊

As-tu un contrat dans chacun des cabinets où tu exerces en tant que remplaçante ?

Il en faut un dans chaque cabinet, car ça protège le remplaçant et le titulaire. On y note le nombre de jours que l’on s’engage à proposer, ou à travailler, cela évite les malentendus et le non-respect de ces règles que l’on se fixe au départ. Il y est également stipulé une date de préavis si l’on souhaite arrêter, etc. Il existe des modèles types sur le site de l’ONI. Un contrat basique à remplir avec les noms et prénoms, il est très bien fait. 😊

Un dernier message pour la communauté des IDEL ou de futures IDEL ?

J’ai souvent des messages de gens sur Instagram :  « J’ai peur de me lancer dans le libéral. » Si vous voulez vous lancer en libéral, contactez des IDEL sur les réseaux sociaux ou dans votre entourage, car ils peuvent vous aider. Renseignez-vous à fond ! Ce n’est pas fermé comme milieu, il ne faut pas en avoir peur. Certes, cela parait chargé au départ, c’est un vrai changement de vie, mais une fois le cap passé, on voit que c’est à la portée de tous et vous ne le regretterez pas ! 😉

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