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Déserts médicaux : les IDEL en première ligne

Les déserts médicaux et les IDEL

Lutter contre les déserts médicaux est devenu l’une des priorités du gouvernement. Notre système de santé ne permettant plus de garantir une offre de soin équitable, il s’agit d’un enjeu majeur pour toutes et tous. Mais comment permettre un meilleur accès aux soins vitaux et non vitaux ? Comment pallier le manque de médecins ? Quelles mesures mettre en place pour faire face aux déserts médicaux ? Les infirmières libérales sont très souvent plébiscitées pour répondre à ces problématiques. Elles sont considérées comme les mieux placées pour combler le manque d’accessibilités des soins. D’abord parce qu’elles interviennent à domicile, ensuite parce qu’elles sont installées partout en France, en ville comme à la campagne. Leurs compétences et leur proximité sont donc deux gros atouts pour combler le fossé entre les besoins et l’accessibilité des soins. Mais quand on y regarde de plus près, tout ceci a ses limites…

Déserts médicaux : les chiffres clés en 2022

Un désert médical, aussi appelé « zone d’intervention prioritaire » est une zone géographique où il est très difficile de se faire soigner par un professionnel de santé en raison d’absence de médecins à proximité. Les critères pris en compte pour déterminer les déserts médicaux sont :

  • l’accessibilité à un professionnel de santé ;
  • les caractéristiques de la population (âge, taux de maladie) ;
  • le nombre de professionnels de santé présents sur le territoire.
 

Les chiffres de Santé Publique France sur les déserts médicaux sont alarmants :

  • 6 millions de Français n’ont pas de médecin traitant ;
  • 30% de la population française vit dans un désert médical  ;
  • D’après la Drees (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques), le plus gros creux du nombre de généralistes sera constaté en 2024 et la situation ne reviendra à son niveau actuel qu’en 2033.

Répartition des IDEL : des inégalités régionales

Si les infirmières libérales semblent être les mieux placées pour pallier au manque de médecins, cela reste en pratique plus compliqué qu’il n’y paraît. La profession infirmière est, elle aussi, inégalement répartie sur le territoire français. D’une région à l’autre, il peut y avoir une grande disparité sur le nombre d’infirmières libérales. D’ailleurs, pour le constater, il suffit de regarder d’un peu plus près la Cartosanté : où s’installer en libéral.

 

Certaines zones cumulent difficultés d’accès aux médecins et difficultés d’accès aux infirmières libérales. Quant à d’autres, considérées comme des zones sous-dotées en médecins, sont loins de manquer d’infirmières libérales.

 

Mais alors, quelles sont les mesures mises en place pour lutter contre les déserts médicaux ? Les IDEL sont-elles vraiment la clé pour garantir une offre de soins équitable à tous ? On rentre dans le vif du sujet dans la prochaine partie.

Les mesures pour lutter contre les déserts médicaux

Pour répondre aux manque de soins médicaux dans certaines zones territoriales, des mesures ont été mises en place par l’Etat et l’Assurance maladie.

La mise en place d'un Pacte Territoire Santé

Le Pacte Territoire Santé a été mis en place en 2015. Il est destiné à redonner accès à des soins de qualité à l’ensemble des Français. A ce jour, il se compose de 10 engagements destinés aux médecins :

  • Engagement 1 : développer les stages des futurs médecins en cabinet de ville.
  • Engagement 2 : faciliter l’installation des jeunes médecins dans les territoires fragiles.
  • Engagement 3 : favoriser le travail en équipe, notamment dans les territoires ruraux et périurbains.
  • Engagement 4 : assurer l’accès aux soins urgents en – de 30 minutes.
  • Engagement 5 : augmenter de manière ciblée le numerus clausus régional pour l’accès aux études de médecine.
  • Engagement 6 : augmenter le nombre de médecins libéraux enseignants.
  • Engagement 7 : soutenir la recherche en soins primaires Innover dans les territoires.
  • Engagement 8 : mieux accompagner les professionnels de santé dans leur quotidien.
  • Engagement 9 : favoriser l’accès à la télémédecine pour les patients chroniques et pour les soins urgents.
  • Engagement 10 : soutenir une organisation des soins de ville adaptée à chaque territoire et à chaque patient.

La mise en place de contrats incitatifs infirmiers

En 2009, le Contrat Santé Solidarité était signé par l’Assurance Maladie. L’avenant 3 à la convention nationale des infirmiers libéraux est venue remplacer cette appellation par Contrat Incitatif Infirmier sans en changer les objectifs : encourager et maintenir l’installation des infirmières libérales dans des zones très sous-dotées afin de rééquilibrer l’offre des soins infirmiers. L’avenant 6 est ensuite venu le remplacer progressivement avec 3 nouveaux contrats incitatifs infirmier :
  • contrat d’aide à l’installation infirmier (CAII) ;
  • contrat d’aide à la première installation infirmier (Capii) ;
  • contrat d’aide au maintien infirmier (Cami).
Ils visent à favoriser une meilleure répartition géographique des IDEL en France pour lutter contre la pénurie d’infirmière libérale (et donc les déserts médicaux). Pour en savoir plus sur ces contrats, on vous invite à lire cet article :

La stratégie Ma Santé 2022

Aujourd’hui, de nombreux praticiens arrivent à l’âge de la retraite et les nouvelles générations ne sont pas assez nombreuses pour compenser ces départs. Les patients font donc face à des difficultés croissantes pour trouver un médecin traitant et les délais d’attente s’allongent pour obtenir un rendez-vous. Pour y remédier, une réforme globale des soins de proximité est menée avec entre autres la stratégie Ma Santé 2022 qui se compose de 3 axes :

  • Inciter les médecins à s’installer dans des déserts médicaux ;
  • Encourager de nouvelles formes d’exercice médical dans les déserts médicaux ;
  • Libérer du temps médical en s’appuyant sur d’autres professionnels de santé.

Ma Santé 2022 s’appuie donc sur la mobilisation des professionnels de santé sur le terrain, dont les infirmières libérales. Comment ? 

  • en créant la fonction d’assistant médical pour la préconsultation et le suivi patients ;
  • en déléguant certaines tâches médicales entre professionnels pour réduire les délais de prise en charge ; 
  • en développant la fonction d’infirmière en pratique avancée (IPA) pour le suivi de certains patients chroniques. 

Les infirmières en pratique avancée (IPA)

C’est donc vers les infirmières qu’on se tourne aujourd’hui pour améliorer l’accès aux soins et la qualité des parcours patients avec la pratique avancée.

Une infirmière libérale en pratique avancée (IPAL) va disposer de compétences élargies par rapport à celles de l’infirmière diplômée d’Etat. Pour devenir IPAL, il faut valider le diplôme d’Etat d’infirmier en pratique avancée. À noter que seules les infirmières libérales expérimentées peuvent y prétendre : il faut avoir à son actif un minimum de 3 années d’expériences.

L’IPAL va travailler en collaboration avec le médecin qui va lui confier la prise en charge et le suivi de certains patients. 5 domaines d’intervention ont été définis :

  • les pathologies chroniques stabilisées et les polypathologies courantes en soins primaires ;
  • l’oncologie et l’hémato-oncologie ;
  • la maladie rénale chronique, la dialyse, la transplantation rénale ;
  • la psychiatrie et la santé mentale ;
  • les urgences.
Outre le fait de résoudre en partie le problème des déserts médicaux, ce nouveau métier permet aux infirmières libérales d’avoir une plus grande autonomie en matière de soins et de suivi de patientèle.

Mais tout cela n’est pas suffisant. Pour pallier réellement au manque de médecin, il faut repenser plus largement l’organisation des soins sur le territoire de manière pérenne avec tous les professionnels de santé. Il faut donner plus de compétences aux IDEL. Outre la pratique avancée, elles doivent être reconnues officiellement comme remplissant des missions de service public au même titre que les médecins et les pharmaciens. Comme certains syndicats le disent déjà depuis longtemps, il faudrait créer et développer des consultations infirmières reconnues et valorisées dans la NGAP (Nomenclature générale des actes professionnels).

Et vous, pensez-vous que les mesures actuelles soient réellement efficaces contre les déserts médicaux ? Pensez-vous que la véritable solution soit de déléguer certains actes et certaines activités ?

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