« Vous nous avez applaudis tous les soirs à 20h pendant le confinement pour notre dévouement face à une des plus grosses crises sanitaires. Voyez un peu maintenant la réalité du terrain… » Elles sont déjà plus de 10 000 infirmières à prendre part à la cause du collectif asyndical Infirmiers libéraux en colère et bientôt 50 000 à signer la pétition en ligne qui l’accompagne « Lettre ouverte des Infirmier(e)s libéraux« . Les infirmières libérales continuent de se mobiliser en France pour défendre leurs intérêts et exprimer leur ras-le-bol général.
Le collectif asyndical "Infirmiers libéraux en colère"
En décembre 2022, certains syndicats appelaient à la grève des nouveaux soins suite à la nouvelle loi de financement de la Sécurité sociale.
En janvier 2023, c’est le collectif Infirmiers libéraux en Colère qui a vu le jour sur les réseaux sociaux. Un collectif asyndical formé par plusieurs groupes de soignants pour défendre les intérêts des infirmiers libéraux. L’organisation virtuelle du collectif a déjà regroupé plus de 10 000 infirmières et mené des actions concrètes ! Depuis le 6 février, elles adressent au président de la république Emmanuel Macron leurs revendications dans une lettre ouverte exprimant leur souffrance. Chaque jour, des IDEL en colère envoient également leurs feuilles de soins afin d’alerter le gouvernement sur la situation, faire entendre leur voix et sensibiliser l’opinion publique à la situation des infirmiers libéraux.
Elles se manifestent auprès des élus locaux, des députés et des sénateurs pour rappeler le sentiment général des IDEL : rien n’est fait pour leur profession, elles sont les oubliées de l’après-Covid alors qu’elles étaient des héroïnes durant la crise sanitaire.
Les revendications de la profession infirmière libérale
La liste des revendications est longue et elle n’a pas changé : revalorisation des tarifs, meilleure prise en compte de leur expertise, meilleure reconnaissance de leur rôle dans le système de santé… cela fait déjà un moment que les infirmières libérales tentent de se faire entendre et sonnent l’alerte sur l’épuisement psychologique et physique de leur profession. La pénibilité de leur travail doit être reconnue. Rappelons qu’être infirmière libérale, c’est travailler entre 50 et 60 heures par semaine, se relayer 365 jours par an pour « assurer le maintien, le retour à domicile de vos ainés, de vos enfants, de vos proches mais aussi l’accompagnement jusqu’au dernier souffle pour d’autres » exprime la lettre ouverte des Infirmier(e)s libéraux.
La revalorisation des honoraires pour les actes infirmiers
Les infirmières libérales demandent une juste rémunération pour les soins infirmiers qu’elles prodiguent. Certains actes, dont les actes courants (AMI, AIS, BSI), n’ont pas été réévalués depuis 2009, soit plus de 10 ans. Il est grand temps de les revaloriser à hauteur des pertes liées à l’inflation.
La NGAP (Nomenclature Générale des Actes Professionnels) est aussi considérée comme obsolète par certains syndicats et un bon nombre d’IDEL. Certains soins infirmiers « ne sont pas répertoriés dans la NGAP et ne sont donc pas rémunérés à leur juste valeur ».
De même que la dégressivité du tarif des soins n’est pas justifiée : « La dégressivité du tarif des soins est un fonctionnement inacceptable ! Nous demandons le paiement de tous les soins effectués à taux plein. Par conséquent, fini le premier acte payé, le second à 50% et gratuit à partir du troisième ! Est-ce que votre plombier ou votre électricien applique cette décote ? »
La revalorisation des indemnités kilométriques
Autre sujet non revu depuis 2012 et remis sur la table : les indemnités kilométriques. Alors que les infirmières libérales sont toute la journée sur la route et se déplacent majoritairement en voiture, les indemnités kilométriques censées couvrir le coût d’un trajet ne suffisent clairement plus face à la hausse du carburant : « Les indemnités kilométriques sont passées de 2,30€ en 2009 (avenant 1) à 2,50€ en 2012 (avenant 3) et n’ont depuis plus été réévaluées. Que dire de l’aide gouvernementale de 0,04€ qui a eu lieu durant les six derniers mois ? Le coût du déplacement des kinésithérapeutes s’élève à 4€. Le coût du déplacement des médecins en fonction de l’horaire d’intervention varie entre 10€ et 43,5€. Comment expliquez-vous cette différence par rapport à nous, infirmiers ? »
« En comparaison, selon l’Insee sur l’année 2009, le prix moyen du gazole était de 1,01€ contre 1,86€ en 2022. Le prix de l’essence augmente de 85% quand le tarif de nos déplacements augmente de 8,7% sur la même période. »
La remise en cause du BSI (Bilan de Soins Infirmiers)
Une revalorisation du BSI (qui devait initialement être généralisé en avril) est aussi demandée : « Les forfaits BSI sont des fourre-tout (toilette, préparation et administration des traitements, prise de constantes, pansements simples). Nous demandons la revalorisation des BSI. Sachez que le tarif du BSA (prise en charge légère) s’élève à 15,5€ brut soit 7,75€ net. Pour un patient grabataire, avec un alitement strict, nous faisons une prise en charge en 2 passages pour 33,7€ brut soit 16,85€ net pour la journée !«
La réévaluation de l'âge de départ à la retraite
Enfin, les infirmiers libéraux en colère soulèvent également leur pénibilité au travail : « Nous manipulons des patients plus ou moins lourds, plus ou moins grabataires mais ce n’est pas reconnu en tant que tel. Malgré les aides qui sont à notre disposition, nous forçons. De nombreuses infirmières souffrent de pathologies du rachis, des articulations, des membres supérieurs ou inférieurs. Nous travaillons tôt le matin et/ou finissons tard le soir. L’âge de la retraite est de 67 ans selon la CARPIMKO. L’espérance de vie d’une infirmière est diminuée de 7 ans par rapport aux autres personnes dans notre pays. Pensez-vous vraiment que nous continuerons jusqu’à cet âge-là à manipuler des patients ? »
C’est l’avenir des infirmiers libéraux qui se joue actuellement. En raison de l’augmentation du nombre de personnes atteintes de maladies chroniques et du vieillissement de la population, de plus en plus de soins, autrefois réservés à l’hôpital, sont désormais réalisés à domicile. C’est pourquoi il faut prendre conscience du rôle primordial des IDEL dans notre système de santé. La continuité des soins et le maintient des personnes âgées à domicile en dépendent.
Je soutiens ce point de vue à 100 %.
Que puis-je faire pour apporter ma pierre à l’édifice ?
Je n’ai pas Facebook, comment intégrer et participer aux mouvements?!
WhatsApp, Twitter, discord, les infirmiers libéraux en colère sont partout 😉
Et il existe un site internet