On préfère ne pas l'imaginer... mais si cela devait se reproduire, comment les infirmières libérales seront-elles protégées lors d'une prochaine pandémie ? Auront-elles enfin les moyens nécessaires pour exercer en toute sécurité ? L’accord mondial sur les pandémies, finalisé en avril 2025 par les pays membres de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), apporte des éléments de réponse. Ce texte vise à améliorer la prévention, la préparation et la gestion des crises sanitaires futures. Alors que la pandémie de Covid-19 a mis en lumière les failles majeures des dispositifs existants, notamment en matière de protection des soignants, cet accord pourrait marquer un tournant pour les professionnels de santé. Mais que contient-il réellement ? Et quelles conséquences concrètes peut-il avoir pour votre pratique au quotidien ?
Un accord international de l'OMS pour éviter de reproduire les erreurs du passé en cas de nouvelles pandémies
La pandémie de Covid-19 a révélé une vérité brutale : aucun pays n'était suffisamment préparé pour faire face à une crise sanitaire mondiale d'une telle ampleur. Les infirmiers et infirmières libérales ont été confrontées à de lourdes difficultés : accès limité aux équipements de protection individuelle (EPI), isolement professionnel, surcharge émotionnelle, exposition accrue à des violences, parfois sans relais institutionnel immédiat.
Face à ce constat, les 194 États membres de l'OMS ont décidé, dès décembre 2021, de créer un Organe intergouvernemental de négociation (OIN) chargé d’élaborer un instrument juridique pour encadrer la préparation et la réponse aux futures pandémies. Les négociateurs ont finalisé un projet d'accord en avril 2025, après 13 cycles de réunions.
Cet accord repose sur plusieurs engagements majeurs :
- ✅ Développer une approche coordonnée entre États, pour une réponse sanitaire plus rapide et plus efficace.
- ✅ Intégrer la notion de "Une seule santé", prenant en compte la santé humaine, animale et environnementale.
- ✅ Renforcer la solidarité financière internationale pour soutenir les systèmes de santé fragiles.
- ✅ Protéger prioritairement les professionnels de santé, en incluant la dimension psychologique, logistique et sécuritaire.
Pourquoi cet accord est-il particulièrement important pour les infirmières libérales ?
Le Conseil international des infirmières (CII) salue particulièrement ce projet d'accord, car il prend enfin en compte des réalités longtemps ignorées lors des précédentes crises : le rôle indispensable des soignants de terrain, et notamment des infirmières libérales qui assurent la continuité des soins à domicile.
Plusieurs avancées peuvent directement améliorer leur exercice en situation de crise :
1. Priorisation de l'accès aux équipements de protection individuelle
L'accord prévoit que les soignants de première ligne, y compris les professionnels libéraux, soient les premiers bénéficiaires des stocks d’urgence d’EPI. Le souvenir douloureux des débuts du Covid-19, où nombre d’infirmières libérales avaient dû s’équiper par leurs propres moyens, reste dans toutes les mémoires.
2. Création de dispositifs de soutien psychologique adaptés
Désormais, les autorités anticiperont le burn-out des soignants, largement documenté après la pandémie. L'accord prévoit de mettre en place des cellules de soutien psychologique et de prévention du stress post-traumatique, accessibles aussi aux indépendants.
3. Intégration systématique des soins ambulatoires dans les plans de réponse sanitaire
L'expérience a démontré que maintenir les soins à domicile permettait d'éviter la saturation hospitalière. Les stratégies nationales de gestion des pandémies intégreront pleinement les infirmières libérales, avec des protocoles dédiés à l'organisation des soins à domicile.
4. Sécurisation de l’exercice libéral en période de crise
L'accord prévoit des mécanismes renforcés pour signaler les violences et agressions envers les professionnels de santé. Pour les infirmières libérales, souvent isolées lors de leurs tournées, ce dispositif pourrait constituer un levier supplémentaire de protection.
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Le poids de l’expérience du Covid-19 dans l’élaboration du texte
La pandémie de Covid-19 a laissé une empreinte durable sur le monde des soins infirmiers :
- ➡️ Plus de 115 000 décès parmi les professionnels de santé recensés dans le monde, un chiffre jugé probablement sous-estimé par le CII.
- ➡️ Une vague de départs massifs liée au stress, au burn-out et à la dégradation des conditions de travail.
- ➡️ Un sentiment d'abandon ressenti par une grande partie des soignants exerçant en libéral, face à la lenteur des mesures de soutien.
Ces leçons douloureuses ont structuré les priorités du nouvel accord. Protection précoce, reconnaissance du rôle clé des soignants de terrain et égalité d'accès aux moyens de lutte contre les pandémies. Quelle que soit la situation géographique ou statutaire du soignant.
Ce qui reste à concrétiser dans cet accord mondial sur les pandémies : ratification et application effective
Si le projet d'accord est une avancée majeure, il ne produira ses effets qu’à une condition. Sa ratification par les États membres de l'OMS, prévue lors de la 78ᵉ Assemblée mondiale de la santé en mai 2025.
Une fois ratifié, l'accord deviendra juridiquement contraignant. Chaque pays devra alors adapter sa législation pour respecter les engagements pris. En France, cela pourrait impliquer :
- 1️⃣ La mise à jour des plans blancs et des plans ORSAN pour intégrer systématiquement les soins à domicile.
- 2️⃣ L’inscription dans les textes réglementaires de la priorité d’accès aux EPI pour les professionnels libéraux.
- 3️⃣ Le développement de dispositifs de soutien psychologique spécifiques pour les soignants indépendants.
L’accord marque donc un changement de paradigme. On reconnaît désormais les soins de ville, longtemps relégués au second plan dans la gestion des crises, comme un maillon indispensable du système de santé.
Conclusion : un espoir prudent pour les infirmières libérales
L’accord mondial sur les pandémies constitue une avancée importante pour l’ensemble des soignants. Pour les infirmières libérales, il reconnaît votre rôle stratégique dans la lutte contre les pandémies. Il vous garantit également des mesures de protection renforcées.
Cependant, cet espoir devra se traduire par des actes. Tout dépendra de la volonté politique nationale et de l’application concrète des mesures promises.
Alors que pensez-vous de cet accord ? 🤔
