Au fil du temps, en tant qu'infirmier, vous pourriez être amenée à prodiguer des soins à un proche, un ami ou une connaissance. Le Code de déontologie ne l'interdit pas. Cependant, il y a un risque que ces relations étroites nuisent à la relation thérapeutique. 🔎 Alors, dans quelle mesure un infirmier peut-il soigner un membre de sa famille ou un ami ? Quelles sont les règles déontologiques à retenir ? Quelles sont les limites et précautions à prendre pour prodiguer des soins infirmiers à un proche ? En quoi la relation affective influe sur la relation patient-soignant ? 👉 On fait le point dans cet article !
Un infirmier peut-il soigner un membre de sa famille ?
En France, un infirmier est autorisé à prodiguer des soins à un proche, un ami ou une connaissance. Il n'existe aucune disposition légale interdisant à un infirmier de prendre en charge des actes et des soins destinés à un proche. Cependant, sur le plan éthique et légal, vous devez veiller à respecter les règles déontologiques de votre profession ! ⤵️
Quelles sont les règles déontologiques à retenir ?
En tant qu'infirmière libérale, vous devez toujours vous assurer de prodiguer des soins de qualité et sécuritaires à vos patients. Vous avez aussi l'obligation de préserver le secret aux renseignements de nature confidentielle dans l'exercice de votre profession.
Le cadre légal réglementaire
Dans le Chapitre II : Déontologie des infirmiers du Code de la santé publique, il est précisé :
- Article R4312-5 : "Le secret professionnel s'impose à tout infirmier, dans les conditions établies par la loi".
- Article R4312-10 : "L'infirmier agit en toutes circonstances dans l'intérêt du patient. Ses soins sont consciencieux, attentifs et fondés sur les données acquises de la science. [...] L'infirmier ne peut pas conseiller et proposer au patient ou à son entourage, comme salutaire ou sans danger, un remède ou un procédé illusoire ou insuffisamment éprouvé. Toute pratique de charlatanisme est interdite".
- Article R4312-32 : "L'infirmier est personnellement responsable de ses décisions ainsi que des actes professionnels qu'il est habilité à effectuer.
Il ne doit pas exercer sa profession dans des conditions qui puissent compromettre son indépendance, la qualité des soins ou la sécurité des personnes prises en charge".
Les raisons étiques
Soigner un membre de votre famille peut entraîner des dilemmes éthiques. La relation entre le soignant et le patient est fondée sur la confiance et l'objectivité, ce qui peut être compromis lorsqu'il existe un lien personnel. Les décisions cliniques doivent être prises sur la base de preuves et de standards professionnels, sans être influencées par des sentiments personnels. Par ailleurs, la distance professionnelle est nécessaire pour maintenir un jugement clinique impartial.
En tant qu'infirmière libérale, vous devez exercer votre profession avec impartialité et objectivité, en évitant toute influence extérieure susceptible de compromettre l'accomplissement de vos responsabilités et de nuire aux intérêts du patient.
Le conflit d'intérêts
Le conflit d'intérêts se manifeste lorsqu'une infirmière se trouve dans une situation où elle pourrait favoriser certains intérêts au détriment de ceux de son patient, ou lorsque son jugement et sa loyauté envers le patient risquent d'être compromis. Les conflits d'intérêts les plus couramment rencontrés dans la profession infirmière sont liés à des questions financières, à la gestion de l'information et à l'influence.
Quelles sont les limites et précautions à prendre pour prodiguer des soins infirmiers à un proche ?
Soigner un proche peut être émotionnellement éprouvant. Vous pouvez ressentir une pression accrue et un stress émotionnel lorsque vous soignez des membres de votre propre famille. Cette situation peut entraîner un épuisement professionnel plus rapide et affecter la qualité des soins infirmiers prodigués. De plus, la dynamique familiale peut compliquer la communication et la prise de décision, créant des tensions et des malentendus.
De ce fait, si vous êtes confrontée à la demande de soigner un membre de votre famille, nous vous recommandons de :
- Évaluer objectivement la situation et les besoins du patient.
- Consulter les directives professionnelles et légales applicables.
- Chercher à transférer le soin à un autre professionnel de santé dès que possible.
- Maintenir une documentation précise et détaillée de toutes les interventions effectuées.
- Discuter ouvertement avec la famille pour clarifier les limites et les raisons de ces décisions.
En quoi la relation affective influe sur la relation patient-soignant ?
La relation affective peut profondément influencer la relation patient-soignant. Lorsque vous soignez un membre de votre famille, le lien émotionnel préexistant peut interférer avec le rôle professionnel. Voici quelques points clés à considérer :
Biais émotionnel : vous pouvez éprouver des difficultés à séparer vos sentiments personnels de vos responsabilités professionnelles. Cette subjectivité peut altérer votre jugement clinique et votre capacité à prendre des décisions rationnelles et basées sur des preuves.
Communication altérée : La proximité affective peut rendre la communication plus complexe. Vos proches/patients peuvent ne pas se sentir à l'aise pour exprimer leurs préoccupations ou symptômes par peur de vous inquiéter. Inversement, vous pouvez hésiter à poser certaines questions ou à donner des informations difficiles à un proche.
Expectatives et pression : Les membres de la famille peuvent avoir des attentes irréalistes ou excessives, augmentant ainsi la pression et le stress. Cette situation peut compromettre votre capacité à fournir des soins de qualité.
Dynamique familiale : Les relations familiales existantes peuvent compliquer la dynamique de soin. Par exemple, des conflits familiaux antérieurs peuvent ressurgir, interférant avec le processus de soin et créant un environnement de travail tendu et difficile.