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Froid et du chaud pour soulager la douleur d’un patient – La chronique de Jean-Pascal infirmier et ambassadeur CBA

Froid ou chaud ? Chronique de Jean-Pasal

Face à la douleur d’un patient, vous avez la possibilité d’améliorer son état par la recommandation d’appliquer du froid ou chaud sur la zone en question : c’est la thermothérapie et la cryothérapie. Découvrez la différence entre les deux et quoi proposer en fonction de la situation dans cet article !

L’application du froid ou chaud

On comprend facilement que l’application du froid ou chaud va jouer sur le calibre des vaisseaux sanguins, par une vasoconstriction, ou vasodilatation, et qu’il en découlera un ensemble de processus permettant l’effet désiré.

Les actions du froid

Nous l’avons dit, il y a vasoconstriction, elle est rapide, est essentiellement périphérique. La littérature décrit aussi une vasodilatation reflexe secondaire, dès les années 30, par un cardiologue anglais lors de ses recherches sur la réponse de la peau aux agressions, l’AOMI, et la maladie de Raynaud. Il l’appelle la réaction de Hunting (ou Lewis)(1).

Les effets sont une diminution de l’œdème, l’inflammation, l’hémorragie, ainsi que la douleur par un bloc nerveux. Il soulage donc les douleurs d’origine inflammatoire.

L’utilisation du froid concerne essentiellement les blessures aigues et traumatiques type entorse, déchirure, contusion, enflure, ecchymose, brulure, tendinite, post-opératoire?

On le voit dans les rencontres sportives, au moindre traumatisme, l’application de glace à l’aide d’une vessie, ou bombe cryogénique est immédiatement réalisée afin de limiter autant que possible les saignements internes, induire un bloc de la transmission nerveuse diminuant très significativement la douleur, et une protection des tissus lésés.

Le froid ralentit le métabolisme cellulaire donc diminue la consommation d’oxygène ainsi que la réponse inflammatoire. Son effet est plus pénétrant que le chaud et intéresse les 5 premiers cm de profondeur. Le temps d’exposition au froid est de 20 mn minimum (stade de vasoconstriction maximal).

Les contre-indications ou les précautions sont le diabète (à cause des problèmes vasculaires associés, notamment artériels), la maladie de Raynaud.

Les actions du chaud

Il y a alors vasodilatation avec augmentation de la filtration du sang à travers les parois vasculaires. Cela aide à évacuer les toxines, résorber les fluides et diminuer les ?dèmes locaux. Il y a augmentation de l’apport en anticorps, nutriments et oxygène.

Le chaud facilite la relaxation musculaire et diminue la rigidité articulaire : on l’apprécie notamment lorsque l’on est tendu ou courbaturé, lors d’une douche chaude, par son effet bien-être et relaxant ou lors d’une cure thermale en eau soufrée.

Il y a une stimulation légère d’endorphine avec une réaction analgésique secondaire par augmentation du seuil de la douleur, et améliore la réparation des tissus.

Son application intéresse donc plutôt des blessures chroniques, anciennes : contractures musculaires, séquelles de blessures, lumbago, douleurs articulaires, spasmes, crampes, arthrose.

Son action est moins profonde que le froid, intéresse les deux premiers cm de la peau et soulage essentiellement les douleurs mécaniques

Les principes d’utilisation du froid ou chaud

La chaleur n’est pas conseillée lors de la réponse inflammatoire initiale de l’organisme. Elle est donc préconisée lorsqu’il il y a très peu d’enflure et une douleur faible. On utilisera par exemple la glace les premiers jours après blessure pour gérer douleur aigue, puis du chaud si la douleur dure en moindre intensité.

Pour le froid, qui doit être intense mais raisonné, j’ai cessé de conseiller la fameuse poche de petits pois aux patients car elle s’avère inefficace ! Bien que pratique car très conformable, il n’y a pas de cristaux de glace dans le légume, qui décongèle très rapidement et ne procure pas un froid suffisamment fort et constant ! Donc utilisez soit la vieille vessie de glace mais qui est facile d’utilisation avec un frigo américain ou alors les poches de gel bleu que l’on trouve en pharmacie, qui conservent le froid suffisamment longtemps.

Pour le chaud, la bouillote et une bouilloire ! Solution pas chère et utilisable pour d’autres troubles (mal au ventre par ex). Je ne suis pas personnellement convaincu par les patchs chauffants.

Lors d’un traumatisme, pour accentuer l’effet du froid à lutter contre les saignements, et suivant le membre intéressé, on peut mettre en place une compression (bas de compression / jambes).

On comprend que le massage peut améliorer un état de contracture musculaire mais doit être proscrit lors d’une blessure, ou en post-op immédiat !

La chaleur, en augmentant le débit sanguin périphérique, permet une meilleure pénétration des agents extérieurs (baumes, pommades)

Froid ou chaud : mes conseils personnels

On peut adjoindre des baumes analgésiques glaçants (menthol) ou chauffants (camphre).

Seules les huiles essentielles traversent la barrière cutanée pour atteindre les vaisseaux sanguins sous-jacents. Le diclofénac ne fonctionne pas ! Il peut avoir un effet léger sur les articulations recouvertes par la peau seulement : par exemple les mains, genoux et coudes, mais pas l’épaule, la hanche ou le dos ! Au pire si vous n’avez que ça sous la main, y joindre 4 ggtes d’HE de Gaulthérie couchée ou odorante pour avoir un vrai effet.

Si vous suivez mes chroniques, vous savez que j’ai dans la mallette un gel ou huile d’Aloe Vera pour la peau et d’Arnica pour les articulations (le millepertuis est pas mal aussi mais est photosensibilisant). L’arnica a vraiment fait ses preuves en matière de récupération locale post trauma ou post op.

Exemples d’application :

Cas n°1 : Vous intervenez pour un suivi de ligamentoplastie du genou, ou prothèse totale, entorse grave, ou arthroscopie, ou intervention de l’épaule. On doit souvent gérer et surveiller la douleur et les hématomes.

  • Je conseille le plus souvent possible en amont de l’opération lorsque cela est possible la prise pré, per et post opératoire d’arnica en homéopathie.
  • Un équipement adéquat pour glacer correctement. La compression. L’élévation du membre.
  • L’achat d’un gel d’arnica et de l’huile essentielle d’hélichryse italienne magique pour la gestion des hématomes.

En fait cette recommandation vaut pour toute opération comportant une cicatrice chirurgicale, même un canal carpien qui aujourd’hui induit une couture de moins d’un cm.

Cas n°2 : Pour une tendinite, l’application de la gaulthérie, même pure donne souvent des résultats surprenants.

Le froid est alors privilégié la première semaine, en phase aigue, puis du chaud en phase de régression.

Cas n°3 : Pour un lumbago, une sciatique avec des injections d’antiinflammatoires, le chaud est primordial pour induire une action décontractante des muscles : baume aux huiles essentielles que j’achète dans les magasins bio, avec bouillote. Pour les fesses endolories par les injections multiples, je préconise le gant de toilette très chaud rincé, avec ajout de synthol ou d’alcool.

N’hésitez pas à commenter et partager vos expériences !

Je conseille ainsi systématiquement la glace à tous mes patients dès qu’il y a trauma ou opération. En dehors de ces cas spécifiques je la recommande chaudement pour l’apéro. 😊

(1) La vasoconstriction se produit en premier pour réduire la perte de chaleur, mais entraîne également un fort refroidissement des extrémités. Environ cinq à dix minutes après le début de l’exposition au froid, les vaisseaux sanguins des extrémités vont soudainement se dilater. Ceci est probablement dû à une diminution soudaine de la libération de neurotransmetteurs des nerfs sympathiques à la couche musculaire des anastomoses artérioveineuses due au froid local. Cette vasodilatation induite par le froid augmente le flux sanguin et par conséquent la température du membre. Une nouvelle phase de vasoconstriction suit la vasodilatation, après quoi le processus se répète.


La chronique de Jean-Pascal

Froid ou chaud : la chronique de Jean-Pascal

Jean-Pascal est infirmier libéral et ambassadeur CBA. Il lui tient à coeur de partager son expertise et ses connaissances avec la communauté. Il nous propose régulièrement sur La Ruche sa chronique piquante et décalée.

Les ambassadeurs CBA

Les ambassadeurs CBA, ce sont des infirmiers libéraux utilisateurs de nos solutions partout en France. Ils participent activement au développement de nos logiciels et au développement de la communauté CBA.

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jeanpou
jeanpou
5 années

salut jeanne
alors pour traiter une tendinite trés localisée,souvent sur 1 cm2,(tennis elbow)je mets une à deux ggtes pures pour un massage lui aussi trés localisé sur la gaine douleureuse,et je n’ai à ce jour,jamais eu de problème.neanmoins je demande toujours à la personne si elle a des allergies avant de tenter l’experience pour des zones plus larges comme un muscle de cuisse ou un dos pour lunbago,j’utilise aussi l’arnica,c’est la meilleure synergie.en fait,en ce qui concerne une PTH,cela depend de la voie d’abord….les chirurgies d’aujourd’hui,par un écartement musculaire,ont un abord plus en avant,presque sur l’aine et respectent muscles et fascia,la recuperation est bcp plus spectaculaire,la douleur et l’hématme bien moindre.en fait passé la première semaine le chaud peu etre envisagé sans etre délétère à une bonne cicatrisation.un effet « pompe » vasculaire va augmenter la restauration des tissus….mais je suis moi aussi,plutot partisan du froid pour la gestion de l’hématome comme tu dis et l’effet Lewis qui améliore la perfusion tissulaire du muscle…

Jeanne Reype
Jeanne Reype
5 années

Bonjour
Je ne suis pas d accord avec vous sur l utilisation pure de l huile de Gaulthierry.A ma connaissance elle peut créer des irritations et il est impératif de la mélanger à une autre huile essentielle.Parfaite avec de l arnica…Les kinésithérapeutes conseillent souvent des compresses chaudes après 1 semaine de PTH par exemple…j avais tendance à conseiller l inverse au vu de l hématome…qu en pensez vous??